Marvin Bijou, douze ans, est un jeune garçon qui rencontre autant de difficultés dans sa vie familiale que dans les couloir du collège qu’il fréquente.

Entre un père qui bricole et qui picole, une mère bourrue maladroite à exprimer son affection pour les siens, un frère aîné beauf avant l’heure et un benjamin qui consomme de la télé à jet continu, il a du mal à caser une sensibilité exacerbée.

Au collège, il est devenu la tête de turc d’une bande de garçons plus âgés qui ont décelé chez lui les signes d’une «différence».

La seule adulte qui croit en lui et entrevoit un avenir plus prometteur pour le jeune garçon est la principale du collège. C’est elle qui va l’inciter à s’inscrire à l’atelier théâtre qui lui permettra d’être sélectionné pour entrer au Conservatoire théâtral régional.

Plus tard, il croisera le chemin d’Abel, modèle bienveillant qui l’encouragera à raconter son histoire sur scène et Roland un riche homosexuel qui veillera sur lui au-delà de sa disparition dans un accident de jaguar.

Pour remplacer «Marvin Bijou» et tirer un trait sur son passé, il choisira comme pseudonyme, «Martin Clément» du nom de la principale du collège qui aura été sa bonne fée.

Isabelle Huppert qui joue son propre personnage, une amie de Roland, acceptera de jouer la mère dans le spectacle à succès qu’il a écrit et qui va faire les beaux soirs des «Bouffes du Nord».

Cinéma : Marvin
Cinéma : Marvin

Au départ du projet de « Marvin », il y a le roman d’Édouard Louis « En finir avec Eddy Bellegueule » paru en 2014 même si le film d’Anne Fontaine n’en est pas une adaptation.

Son film réinvente le destin du jeune garçon et explore la façon dont il va pouvoir se construire après un mauvais départ dans une famille marquée par le chômage, le désordre et l’inculture et dans une France socialement et culturellement déshéritée ; et lui imaginer des rencontres déterminantes qui vont, de l’une à l’autre, l’accompagner sur la voie de la réussite et de l’acceptation de soi.

Marvin qui apparaît avec sa douceur, son visage d’ange comme un «étranger» va devenir, par sa différence, comme un objet de sadisme pour ses camarades de collège et un objet de honte pour sa famille.

Anne Fontaine a construit son récit comme un conte autour du personnage d’un enfant, sorte de Cendrillon réactualisée, prisonnier d’un environnement malfaisant mais au secours de qui apparaîtra une bonne fée aux multiples visages.

L’option selon laquelle son film est un conte est la seule qui puisse rendre acceptable l’avalanche de clichés dont elle émaille son récit.

En premier lieu la famille de Marvin dépeinte comme on l’a déjà vue chez Etienne Chatilliez, constituée d’individus grossiers jusque dans leur langage et le mauvais goût de leur accoutrement. Des camarades de collège odieux comme pouvaient l’être en d’autres temps et toutes proportions gardées, les sœurs de Cendrillon à son égard ; et des bonnes fées qui utiliseront chacun à sa façon sa baguette magique avec un «parler juste» comme le pratique Abel ou l’opulence matérielle de Roland, le Prince de légende qui ne fascinera pas avec un carrosse mais avec une Jaguar…

Mais même si l’on case son film dans la catégorie du conte, « Marvin » n’échappe pas à des lourdeurs de scénario et des opportunités qui poussent parfois le récit jusqu’à l’invraisemblance.

Francis Dubois


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