Sachio est un romancier reconnu. Il est marié à Natsuko mais au bout de vingt ans de vie commune l’amour qui les a unis a disparu.
Yoichi est marié à Yuki, l’amie d’enfance de Natsuko. Chauffeur routier, il va jusqu’au bout de ses forces pour assurer à sa femme et à ses deux jeunes enfants une vie confortable.
Parties ensemble pour un voyage en autocar, Yuki et Natsuko périssent dans un accident de la circulation.
La réaction des deux veufs sera très contrastée.
Alors que Sachio ne ressent aucune tristesse et doit feindre l’affliction, Yoichi est totalement inconsolable.
Bouleversé, face au désespoir de ce dernier, Sachio décide de l’aider et lui propose de prendre en charge ses enfants quand il sera parti en mission.
Confronté au quotidien humble mais chaleureux et vivant de cette famille, le romancier va revenir sur ses certitudes et finira par réaliser toute l’étendue de la perte qu’aura été la mort de sa femme.
Aucun signe précurseur n’annonce le drame prochain qui va toucher de façon totalement différente un couple en fin de parcours amoureux d’une part, un couple et une famille très unie d’autre part.
Natsuko est coiffeuse. Elle a de tout temps, depuis qu’ils sont mariés, coupé les cheveux de Sachio.
Concentrée sur la course des ciseaux sur la chevelure de son époux, Natsuko est-elle sensible ou complètement imperméable aux propos cyniques de Sachio auxquels elle est accoutumée ?
Natsuko et Yuki quittent leurs époux sur des recommandations ordinaires, se retrouvent et embarquent dans l’autocar du drame.
L’annonce de la mort de Natsuko ne bouleverse aucunement Sachio mais lorsque celui-ci assiste à l’état dans lequel la disparition de Yuki plonge Yoichi, il est bouleversé.
Lorsque Sachio propose à Yoichi, qui se retrouve seul avec deux jeunes enfants en charge, de l’aider, connaît-il les raisons profondes qui le poussent à cet acte de générosité ? sait-il, lui qui n’y connaît rien aux enfants, les vraies raisons pour lesquelles il propose de prendre en charge les petits orphelins.
Cet accès de générosité de la part d’un homme dont on sait qu’il est un égoïste, est le premier signe de sa prise de conscience à propos d’un deuil qu’il a nié, même si, aux obsèques de Natsuko, il est revenu, dans une déclaration de façade, sur les vingt années de leur vie commune, de façon touchante.
Et ce sont deux éléments proches qui vont révéler à Sachio, l’attachement à son épouse en dépit de la carapace d’indifférence qu’il s’était forgée : son attachement imprévisible aux deux enfants de Yoichi, son incursion dans son existence modeste et la sympathie que lui inspire un homme à l’opposé de lui-même, rustre, inculte mais généreux.
«The long excuse» est le récit de l’humanisation d’un homme qui a toujours trouvé son compte dans son indifférence aux autres, dans la haute estime qu’il s’accorde et qui, plongé dans une atmosphère nouvelle, se révèle dans des actes pour lesquels il n’avait aucune disposition.
La démonstration est parfois un peu appliquée, un peu prévisible et le contraste à tous points de vue des deux hommes aurait sans doute gagné à être traité de façon un peu plus nuancée.
Mais la présence des deux enfants, magnifiquement dirigés et tellement vrais et pour lesquels on éprouve une totale empathie devient une sorte de balancier qui rétablit l’équilibre parfois chancelant d’une construction dramatique un peu trop schématique.
Attachant…
Francis Dubois
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