Woodstock, Flower Power, la révolution sexuelle, l’émancipation de la femme … Trois ans après mai 1968, la Suisse est restée imperméable aux transformations du monde et les suissesses n’ont toujours pas obtenu le droit de vote.

Dans le petit bourg d’Appenzell, Nora mène une existence paisible de femme au foyer toute dévouée à son mari, à ses deux jeunes garçons au comportement pré machiste et à son beau-père, tyran conservateur.

Cependant, plusieurs événements vont réveiller la conscience de Nora : l’opposition à sa famille d’une nièce, adolescente rebelle, la découverte sous l’oreiller du lit de son beau-père de revues pornographiques et sa rencontre avec une vieille dame militante du premier jour pour le droit de vote et la libération des femmes.

Pour Nora, une brèche s’est ouverte et la voilà prête à revoir la conception de sa vie de femme et elle qui s’était jusque là montrée si docile, va s’éveiller au militantisme jusqu’à devenir leader du mouvement en faveur de la libération et du droit de vote de la femme.

Au fur et à mesure qu’elle propage ses idées, un désir de changement naît parmi les habitantes du bourg qui, bientôt, gagnera jusqu’aux plus récalcitrantes….

Cinéma : Les conquérantes
Cinéma : Les conquérantes

Le film de Peta Biondina Volpe ne manque ni de vigueur ni de bons sentiments mais il est probable qu’il y ait eu chez la cinéaste, un tel désir de convaincre, une telle volonté de faire passer son propos, qu’elle a été amenée à trop surligner les différentes étapes marquantes de son récit.

L’enthousiasme qu’elle montre à traiter son sujet la conduit à des invraisemblances et notamment dans sa précipitation à montrer les changements qui bouleversent l’histoire de Nora et celle de toutes les femmes de l’histoire.

Un passage chez le coiffeur et voilà la jeune femme transformée, la voilà qui exige que ses enfants participent aux petits travaux de la maison, qui tient tête à son beau-père et la voilà qui, du jour au lendemain, ose s’opposer aux idées rétrogrades de son mari.

Et l’unité soudaine qui soude entre elles toutes les femmes relève parfois d’un angélisme suranné .

Peta Biondina Volpe fait une démonstration un peu trop scolaire de son sujet et on dirait qu’elle a tellement hâte d’en arriver à la victoire des femmes sur leur émancipation et sur leur droit de vote, qu’elle brûle les étapes et qu’elle traite tous les obstacles comme des passages obligés pour mieux en arriver à ses fins.

Mais, même si le traitement de ces « Conquérantes» est un peu trop schématique, didactique , si les articulations du scénario sont un peu trop «téléphonées», si les ficelles du récit sont souvent apparentes, la réalisation ne manque ni d’allant, ni d’enthousiasme et la volonté de la réalisatrice à traiter son sujet sans rien omettre de l’essentiel, avec vigueur et détermination, donne au final, un film sympathique.

Un film qui pourrait donner lieu à des débats tant en famille que dans un cadre scolaire.

Francis Dubois


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