La fabrication des briques espagnoles incarne la réussite puis la faillite économique d’un pays.

La destruction d’un matériau symbolique sacrifié par la crise, par l’abandon de chantiers de construction d’habitations en cours, est un des nombreux signes de l’appauvrissement jusqu’à la misère d’une nation économiquement asphyxiée.

Des carrières d’argile abandonnées, des usines qui ferment une partie de l’année, des villes devenues fantômes à la suite de l’expropriation, orchestrée par les banques, de leurs occupants submergés par l’endettement, donnent un vrai visage à la crise et dessine en arrière-plan, les stratégies individuelles ou collectives qui permettent, à défaut de la surmonter, de trouver des solutions à la survie des plus démunis.

Cinéma : Bricks
Cinéma : Bricks

En Espagne, la crise économique continue de faire ses ravages, notamment dans la couche laborieuse de la société, malgré les déclarations encourageantes du gouvernement.

Depuis dix ans, le chômage est passé de 8 à 19 % de la population, les salaires ont baissé et les services publics ne cessent de réviser les subventions à la baisse.

De nombreux mouvements sociaux se sont élevés contre l’influence des banques, les suppressions abusives d’emplois et contre la corruption qui gangrène l’appareil d’État.

Cette situation critique touche de nombreux secteurs mais plus encore que tous les autres, celui du logement.

Après avoir mis en chantier plus de constructions nouvelles que la France et l’Allemagne réunies, le secteur de l’immobilier a éclaté et les expulsions se sont multipliées dans un pays où l’on estime à plus de 5 millions, le nombre d’appartements vides.

Pas moins de 700 000 familles ont été menacées de se retrouver à la rue pour défaut de remboursements de crédits immobiliers souvent élevés et à taux variables qui se sont de plus en plus révélés comme des arnaques bancaires.

La brique c’est, au sens propre, le matériau qui est à la base de la construction de la majorité des immeubles en Espagne. Elle signifie, au sens figuré, le système politico-financier à l’origine de la spéculation et de l’effondrement du pays.

Le film de Quentin Ravelli suit l’évolution de la fabrication des briques rouges devenue une sorte de baromètre de la vie économique.

Autour de cette industrie vacillante se greffe l’existence des associations de défense des endettés et de tous les autres personnages qui résistent chacun à sa manière

Le film rend compte du travail de fourmi de La «Plataforma», un groupe d’associations qui épaulent les familles dans la constitution des dossiers d’annulation de dettes. Elle est, bien au-delà, un endroit où les «sinistrés» des banques peuvent se réunir et échanger. Elle est également un pôle de résistance qui mène un combat permanent.

En évitant les discours d’experts, à partir de situations concrètes, de témoignages de victimes, «Bricks» tente de dresser des portraits de résistance toujours complexes à travers lesquels se dresse celui d’un pays qui est montré comme un contre point à la France d’aujourd’hui, sans pour autant, l’idéaliser.

Un documentaire nécessaire…

Francis Dubois


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