Le cinéaste Gaspard Bazin prépare un nouveau film. Il en est au stade où il fait passer des essais à de jeunes chômeurs pour recruter des figurants.

Le producteur du film, Jean Almereyda qui a eu son heure de succès, connaît de plus en plus de difficultés à réunir les fonds nécessaires pour ses nouveaux projets.

Entre les deux hommes, il y a Eurydice, la femme d’Almereyda qui a sollicité Gaspard Bazin pour obtenir un rôle dans son film et démarrer ainsi une carrière de comédienne.

Tandis qu’Almereyda cherche de l’argent pour boucler le financement du film, parfois au péril de sa vie car l’argent qu’il trouve n’est pas toujours de l’argent propre, Gaspard fait passer des essais à Eurydice.

Le cinéma c’est autant trouver de l’argent pour acheter de la pellicule et payer les équipes que trouver les visages qui conviennent parfaitement à chaque rôle.

Le cinéma est-il plus un art qu’une industrie, des œuvres pour la postérité plus qu’un brassage de gros sous dont on espère qu’ils rendront au centuple ?

«Grandeur et décadence d’un petit commerce cinéma» est aussi la peinture d’un petit monde qui gravite autour de la fabrication d’un film, figurants, techniciens de tout crin, tous ces travailleurs obscurs qui œuvrent pour les salles obscures et la télévision.

Cinéma : grandeur et décadence
Cinéma : grandeur et décadence

Lorsqu’en 1984, le producteur Pierre Grimblat propose à TF1 de rendre hommage à la Série Noire, plusieurs réalisateurs sont sollicités et parmi eux, Jean-Luc Godard qui choisit d’adapter un roman de James Hadley Chase « Chantons en cœur ».

Si du roman, il ne restera pas grand chose, Godard parvient à injecter dans son adaptation l’atmosphère du film noir à travers le personnage interprété par Jean-Pierre Mocky qui joue le producteur endetté, aux prises avec la bande de truands avec lesquels il a fricoté.

Mis à part ce point d’achoppement avec le roman policier, «Grandeur et décadence …» est le portrait non dissimulé de «Periphéria», la société de production de Jean-Luc Godard où l’équipe technique est à la fois devant et derrière la caméra où «la vie rend au cinéma ce qu’elle lui a pris».

Le film est diffusé en mai 1986 sur TF1 dans le contexte houleux du lancement des nouvelles chaînes privées, au moment où Berlusconi s’associe à Jérôme Seydoux pour créer la cinq et où est libérée l’autorisation de plusieurs coupures publicitaires au cours de la diffusion des films….

Et selon les dires de Jean-Luc Godard, s’il a choisi Jean-Pierre Mocky pour jouer le producteur du film, c’est parce qu’ils ont un peu la même histoire et qu’ils ont vécu l’un comme l’autre la « Grandeur et décadence » du cinéma à l’époque de la télé.

Jean-Pierre Léaud interprète, dans un jeu décalé savoureux (ou irritant) le réalisateur.

Les amateurs des films de Godard entre première et deuxième période et de Jean-pierre Léaud plus «égal à lui-même» que jamais seront comblés par la sortie sur écran de ce film jusque la inédit qui est peut-être une véritable « pépite » à ne pas manquer..

Francis Dubois


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