Paris 1967. Après une série de succès publics et critiques, Jean-Luc Godard est un des cinéastes les plus en vue de la nouvelle vague.

C’est l’année où il tourne «La chinoise » avec la jeune comédienne Anne Wiazemski remarquée chez Bresson ( « Au hasard, Balthazar » ) dont il est tombé amoureux et qui est de vingt ans sa cadette.

Ils sont heureux et amoureux, se marient et surfent sur un petit nuage.

Mais l’accueil du film à sa sortie est plus que mitigé. La tournée prévue est remise en cause et le réalisateur décide d’opérer une remise en question de sa conception du cinéma.

Mai 68 où il s’implique, va amplifier le processus de changement de cap et Jean-Luc Godard va passer du statut de cinéaste choyé à celui de maoïste rigide.

Cinéma : Le redoutable
Cinéma : Le redoutable

«Le redoutable» emprunte son titre au premier sous-marin nucléaire français lancé en 1967.

Un reportage radio qui relate sa première croisière fournit au film son leit-motiv  «Ainsi va la vie, à bord du redoutable». Une citation qui va devenir une des phrases codée et récurrente entre Jean-Luc Godard et Anne Wiasemsky.

Le film réalisé par Michel Hazanavicius raconte la rencontre amoureuse du réalisateur et de la jeune comédienne, l’histoire de leur amour et de leur désamour entre 1967 et 1968.

Le scénario est l’adaptation de deux ouvrages-souvenirs d’Anne Wiazemsky : « Une année studieuse » et «Un an après». L e réalisateur heureux de « The Artist » en a tiré une comédie sentimentale originale et légèrement déjantée où Louis Garrel endosse le personnage de Jean-Luc Godard et Stacy Martin, une inconnue dont on pourrait bien entendre parler, celui d’Anne Wiazemsky.

Le film a deux orientations distinctes. Il fait penser à la fois à François Truffaut quand il met en scène Jean-Pierre Léaud et Claude Jade dans « Domicile conjugal» et à la fois à Jean-Luc Godard quand il filme Michel Piccoli et Brigitte Bardot dans «Le mépris» .

Godard y apparaît comme un être à la fois tendre, attentionné, drôle mais également bougon indifférent, et cinglant.

Il est connu pour l’art de la formule sans appel.

« Le redoutable » est et n’est pas un biopic, tout à la fois. Le film retrace un épisode charnière dans la vie de Jean-Luc Godard. Il est de plus l’adaptation de livres souvenirs d’Anne Wiazemski. Cependant il est émaillé de détails drôles qui n’appartiennent peut-être pas tous à la vérité. Jean-Luc Godard cassait-il aussi souvent qu’il est dit dans le film des lunettes sans lesquelles il distinguait très mal. Le personnage dans une nudité frontale dans une pièce avec sa femme qui va et vient sans le moindre habit critiquent la nudité gratuite au cinéma…

C’est parfois drôle, léger et la prise de bec entre Michel Cournot et Jean-Luc Godard dans une automobile où se sont entassés six ou sept personnes pour cause de grève générale et de pénurie d’essence, s’est-elle réellement passée ?

On peut regretter que « Le redoutable » ne soit qu’un film de divertissement.

Louis Garrel est très bien et Stacy Martin est en plus de se montrer bonne comédienne, d’une grâce et d’une finesse infinies. Bérénice Béjo campe une Michèle Rosier enjouée et Micha Lescot un témoin complice avec retenue.

Francis Dubois


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