A la mort de sa sœur, Franck, un quadragénaire solitaire et charismatique, se bat pour obtenir la garde de sa jeune nièce de six ans.
Mary qui montre un don hors du commun pour les mathématiques et que l’enseignement correspondant à son niveau d’âge ennuie, risque d’être dirigée à la suite d’un accord entre les enseignants et une grand mère qui en revendique la garde, vers un établissement spécialisé pour enfants surdoués.
Mais Franck veut préserver et respecter l’enfance de Mary et lui éviter de rentrer dans un monde compétitif qui lui sacrifierait les plaisirs de son âge.
Mais parviendra-t-il, avec comme seul atout, la complicité qu’il a établie avec la petite fille, à la sortir des griffes d’un monde calculateur et manipulateur ?
Le dilemme se pose à certaines familles quand un enfant, qu’il soit doté d’une maturité précoce ou d’un don pour un domaine particulier, est en porte-à faux avec les enfants de son âge.
D’une part, il y a un risque de le mettre en difficulté vis à vis des autres qui, pour des raisons diverses, peuvent en faire une tête de turc, d’autre part, se pose aussi le risque de l’exposer à l’ennui face à un enseignement correspondant à sa tranche d’âge mais inadapté au regard de ses dons.
La Mary du film de Marc Webb a une personnalité si forte, des jugements si tranchés, un tel sens de la justice et une telle faculté à ne pas déguiser sa pensée, qu’elle s’impose d’emblée auprès des autres et échappe aux moqueries.
Mais reste l’ennui qu’elle éprouve quand, capable de résoudre une équation, l’institutrice demande aux élèves de sa classe, le résultat d’une addition à un chiffre.
Mais faut-il pour autant, dès l’âge de six ans, plonger un enfant dans le monde de la compétition, le prédisposer à appartenir à une élite et le priver de tout ce qui fait le charme et l’insouciance de l’enfance ?
Dans le film, les enseignants, partie neutre hors de tout enjeu, privilégient pour Mary son inscription dans un établissement spécialisé pour des raisons purement pédagogiques.
Les enjeux qui motivent la grand mère de Mary sont de deux ordres. Elle veut que la garde de sa petite fille soit retirée à son oncle qui n’a d’autre légitimité que le lien affectif. Elle veut également que l’enfant soit dès son jeune âge mis sur le rail de la réussite sociale.
Les arguments de Franck ne pèsent pas lourd quand il souhaite simplement que sa nièce ait une enfance normale avec des jeux de son âge, des amis de son choix, un environnement à la fois protecteur et libre.
Le film de Marc Webb est la parfaite illustration du sujet. La menace de voir l’oncle et Mary séparés pèse tout au long du récit avec en quelques parenthèses romantiques, de nouveaux dangers qui apparaissent et qui entretiennent un suspense prenant. L’émotion vient à point avec les moments pathétiques.
«Mary» est un film prenant que hante avec bonheur la nonchalance touchante et la présence charismatique de Chris Evans.
Mckenna Grace interprète Mary sans débordement de jeu, sans cabotinage.
Ils forment ensemble, un duo très convaincant.
Francis Dubois
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