Camille, une toute jeune fille, a rejoint au Cambodge une communauté religieuse où elle s’apprête à prononcer ses vœux.
Chaque matin, elle emprunte le même chemin qui longe la rivière et traverse les ruines d’Angkor pour rejoindre une ferme où elle soigne la blessure qu’une paysanne s’est faite à la jambe.
Un jour, sur ce chemin désert, elle croise un homme cambodgien qui va pêcher dans les étangs chaque dimanche matin.
Bientôt un rituel de rencontres s’établit entre eux.
Camille et Sambath se sentent à chaque fois un peu plus dépendants de ces quelques moments qu’ils passent ensemble…
Leur rencontre d’exception ne semble entamer ni la vocation de Camille ni l’attachement que Sambath a pour son épouse menacée par la maladie qui la ronge.
Il y vingt ans, Jeanne Labrune lit « La fiancée du Roi» un roman de Michel Huriet publié en 1967, chez Gallimard.
L’idée simple d’un croisement occasionnel puis rituel entre un homme et une jeune femme sur un chemin offrait de nombreuses possibilités d’adaptation.
Elle y pense mais referme le livre. Pourtant le projet la poursuit de période en période et cette distance qu’elle établit avec le roman devient l’essence d’un travail d’adaptation. Il ne s’agit plus, pour Jeanne Labrune de travailler avec l’écho de cette lecture.
Son attachement pour le Cambodge fera le reste pour que le projet revienne à la surface…
Les thèmes du cheminement rituel, du fleuve, de la barque fantôme qui le traverse, de la forêt, des vestiges d’un ancien palais, d’une végétation centenaire et prolifique renvoient à la mythologie, à la littérature et à la peinture.
Dans ce décor et ces réminiscences, guidée par ses intuitions, Camille qui croyait l’avoir trouvé, cherche son chemin.
Elle découvrira la complexité de la vie et la nécessité de tracer sa propre voie. Elle apprendra le refus et l’acquiescement, en d’autres termes, la liberté.
Que lui aura apporté la rencontre avec un homme sur un chemin, cette nécessité tout à coup de réinventer d’autre fois, le plaisir fugace d’un moment, d’échanger quelques mots ou de savourer un silence, de ces presque frôlements des mains ?
Une parenthèse d’émotion troublante ou la désignation de sa vraie voie ?
Jeanne Labrune a construit son projet sur sa rencontre avec le Cambodge et sur sa rencontre avec Agathe Bonitzer. Cette jeune comédienne trace depuis bientôt une dizaine d’années un chemin singulier à travers le cinéma français, des œuvres souvent marginales mais toujours exigeantes comme dernièrement « L a Belle dormant» ou « La papesse Jeanne »
Elle apporte au film de Jeanne Labrune sa grâce, cette force retenue et on n’est pas près d’oublier la silhouette gracile, l’allure souple et déterminée, l’image de la jeune fille sur le chemin.
Francis Dubois
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