Ambra Senatore, Scena Madre
Jérôme Thomas, Promenade jonglée au château
Compagnie Transe Express, Mù, cinématique des fluides
Le premier jour du Festival s’est déroulé au Théâtre Astra dans Turin, et au Château de la Venaria Reale près de Turin.
Ambra Senatore, la Turinoise, désormais directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes y a présenté sa nouvelle création, Scena madre, scène primitive ou plutôt scène mère, celle des émotions de la vie, des surprises, des rencontres. Comme dans un collage dadaïste Ambra Senatore et les six danseurs qui l’accompagnent, déambulent, se heurtent, s’approchent, se soutiennent, s’entraînent, s’effondrent, font chœur ou dissonance. La séquence du début, mystérieuse, se répète, chaque fois avec un enrichissement de mouvements, de sons ou de phrases qui reviennent, en français, en italien ou en anglais, comme autant d’indices, qui éclairent ou … n’éclairent pas le propos. Les regards passent de la séduction à la surprise, l’absurde côtoie la logique (« ah un lézard ! »), les couples se frôlent ou se querellent. L’approche d’Ambra Senatore est ici très cinématographique, faisant de la scène un écran, avec ses fondus au noir et le passage du noir et blanc à la couleur. On sourit, on s’étonne, on s’inquiète. C’est la vie qui est sur scène, fragile comme un château de sable qu’il faut, comme le disent les danseurs, veiller à ne pas écraser.
C’est pour le cadre majestueux de La Venaria Reale que le jongleur Jérôme Thomas, répondant à une commande du festival a crée une promenade jonglée, qui sera reprise au Château de Chambord pour les journées du patrimoine. Dans l’antichambre du château c’est avec des balles que Jérôme Thomas, qui s’est formé avec Annie Fratellini mais a aussi connu d’autres vies, collaborant avec de nombreux musiciens et danseurs, prouve sa virtuosité. Il joue de l’admiration du public devant son élégance et sa précision mais provoque aussi rires ou sourde inquiétude par le bruit, brusquement interrompu ou soudainement repris, du rebond des balles. Dans la salle d’apparat du château c’est, accompagné par une jeune jongleuse, Nicoletta Battaglia, qu’il crée, avec de grosses boules ou des massues, une ambiance plus étrange et poétique. Au final, dans ses mains et sous son souffle, un vulgaire sac de plastique vert de supermarché se transforme en objet magique et habité.
La soirée s’est terminé dans les jardins avec le grand spectacle de la Compagnie Transe Express, Mù, cinématique des fluides.
Cette année est un peu particulière. Beppe Navello, qui a créé ce festival il y a dix ans le quitte. Il avait voulu un festival qui mettait Turin, et son collier de palais des Princes de Savoie qui l’entoure, au cœur de l’Europe, avec un programme de spectacles de danse, de cirque et de théâtre visuel venus de différents pays européens, une programmation qui se jouait des langues et des frontières. Il nous laisse beaucoup de regrets mais aussi le souvenir de tant de découvertes que nous lui devons et pour lesquelles nous le remercions.
Micheline Rousselet
Quelques dates de tournée
Scena madre : 21 novembre : La Roche-sur-Yon, 24 novembre : Saint Quentin-en-Yvelines, 28 au 30 novembre : Nantes, 29 janvier : Angers, 1er au 4 février : Théâtre de la Ville à Paris, 8 et 9 février à Marseille
Promenade jonglée au château : 15 et 16 septembre au Château de Chambord .
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu