L’écrivain Max Zorn revient à New-York pour la promotion de son nouveau roman. Avec sa jeune femme Clara, ils forment un couple amoureux et complice.
Clara l’a précédé de quelques semaines à New-York pour contribuer à la parution du livre aux États- Unis.
Dans ce roman, Max Zorn raconte l’échec d’une passion qu’il a vécue dans cette ville avec Rebecca, dix sept années auparavant.
Rebecca, cette femme que, justement, le hasard place sur son chemin à son arrivée.
Pour marquer le plaisir de ces retrouvailles, ils décident d’un commun accord d’aller passer un week-end ensemble à Montauk, un petit village de pêcheurs situé à l’extrémité de Long Island.
Dans une atmosphère pré hivernale, ils vont revivre les espoirs et les regrets d’une belle histoire d’amour manquée.
Pour Volker Schlondorff, le projet de réaliser un film d’après « Montauk » de Max Frisch couvait depuis plusieurs années.
Mais, à chaque fois qu’il entreprenait une adaptation, il se heurtait au ton trop autobiographique, essayiste et peu cinématographique du récit.
Jusqu’au jour où, avec sa scénariste, il décidèrent de s’en tenir uniquement au sujet central de l’ouvrage : les retrouvailles d’un homme avec des personnes de son passé.
Cette nouvelle direction de l’adaptation s’éloignant de Max Frisch, de film qui en a résulté, «Retour à Montauk», est devenu un travail indépendant du roman initial.
Et c’est sans doute la simplicité du sujet réduit à sa plus simple expression et le respect des clichés inhérents à ce genre d’histoire qui, paradoxalement, constituent l’originalité et la force de l’œuvre finale.
Les retrouvailles d’un homme vieillissant et de la femme avec laquelle il a vécu un grand amour, et qui prennent, avec le choc émotionnel de la rencontre, des allures d’événement unique et exclusif.
La tentation de renouer même si c’est sans espoir de lendemain.
Le cadre romantique et mélancolique de ces retrouvailles, un bord de mer hors saison désert et venteux.
Le rapprochement des deux anciens amants avant un dénouement prévisible mais non moins douloureux pour les protagonistes.
En contraste de cette rencontre enthousiaste mais teintée de mélancolie, ont précédé les séquences de l’arrivée à New-York, les retrouvailles après quelques semaines de séparation de Max et Clara affichant les signes d’un amour solidement complice, les mondanités qui remettent, dans une superficialité confortable, Max en présence d’anciens compagnons.
Le télescopage de ces deux univers contrastés apportent au film de Volker Schlondorf une autre atmosphère plus souterraine, un climat intermédiaire, une sorte d’état dérisoire chargé de nostalgie qui viendrait renforcer l’idée d’une rupture définitive avec les derniers sursauts émotionnels d’une vie.
«Retour à Montauk» est une réflexion sur la solitude.
La solitude de l’homme dans le tourbillon du succès et des mondanités. La solitude au cours même de l’épanouissement amoureux. La solitude cruelle dans la confrontation avec la vie passée et l’effet illusoire d’un bonheur passé dont la reconstitution ne sera qu’une seconde mise à mort.
Pourtant « Retour à Montauk » est aussi un film lumineux sur les générosités éphémères de la vie, sur les petits bonheurs ponctuels qu’elle réserve pour en masquer la vanité, les effets en «trompe l’œil» et les faux semblants.
Francis Dubois
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