Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale pour aller vivre sa vie en Argentine puis au Brésil avant de se fixer en Australie où il s’est endetté et s’est engagé dans une histoire sentimentale qui s’est soldée par un échec et la naissance d’un enfant.
En apprenant la mort prochaine de son père, il revient sur les terres de son enfance.
Juliette, sa sœur et Jérémie, le benjamin de la famille qui sont devenus des jeunes adultes, ont repris l’exploitation viticole familiale depuis la maladie du père.
Lorsque celui-ci meurt, la fratrie se retrouve face à des complications administratives, financières et des choix difficiles à faire qui pourraient bien les opposer.
En l’espace d’une année (de quatre saisons), les trois jeunes gens vont affronter les responsabilités d’adultes et réinventer leur fraternité….
Cédric Klapisch a qui son père a transmis la culture des vins, caressait depuis plusieurs années le projet de réaliser un film qui se passerait dans des vignobles. Il a fait dans cet objectif plusieurs séjours en Bourgogne à la période des vendanges et rencontré de nombreux viticulteurs.
Avec ce projet qui se réalisait après avoir tourné dix films dont l’action se situait dans des villes, il allait tourner un film qui se passait dans la campagne française.
« Ce qui nous lie » raconte l’histoire d’une famille, d’une fratrie composée de trois jeunes adultes que les circonstances de la vie mettent au pied du mur de choix qui vont décider de leur avenir et renouer des liens qui s’étaient quelque peu distendus.
Sur un scénario sans surprise dont la seule particularité est l’extrême jeunesse de trois protagonistes, il a réalisé un film qui pénètre dans l’intimité complexe de ces exploitations viticoles dont les crus sont mondialement renommés, des rapports de voisinages entre les viticulteurs, de ce milieu à la fois jovial et lancinant soumis au rythme des saisons.
Le film de Cédric Klapisch est construit selon deux axes.
La description minutieuse et sans doute très juste d’une famille élargie aux employés de l’exploitation tous solidement attachée à la terre, aux racines et à une culture dont chacun est imprégné depuis l’enfance.
L’ampleur et l’intimité des vignobles, surfaces vallonnées striées d’alignements rectilignes, dont il semble à la façon qu’ont les propriétaires de les approcher, de les traiter, de les respecter, que chaque pied de vigne compte et peut-être chaque grain de chaque grappe.
Il est probable qu’en plus des qualités de la mise en scène de Cédric Klapisch, la réussite de « Ce qui nous lie » réside dans la distribution des rôles.
Ana Girardot est une jeune viticultrice crédible entre puissance et doute. Pio Marmaï a cette inconsistance qui donne toute la fragilité à son personnage d’aventurier et terrien. Mais la mention spéciale revient à François Civil un jeune venu qui rend avec beaucoup de sensibilité le personnage complexe de Jérémie.
« Ce qui nous lie » est un film à l’ancienne. Cédric Klapisch se contente de raconter une histoire qu’il laisse reposer sur les comédiens, de composer une belle mise en scène fluide et sensible sur fond du décor ample et très cinématographique des vignobles bourguignons.
Francis Dubois
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