Kostis, la quarantaine, est engagé par la municipalité comme médecin sur l’île d’Antiparos, en Grèce.
Il traverse un morne hiver en solitaire mais dès les premiers beaux jours, l’île se transforme avec
l’afflux des touristes, ses plages de naturistes, ses fêtes.
C’est par hasard que Kostis rencontre la jolie Anna dont il ne tarde pas à tomber amoureux.
Très vite, en compagnie de la jeune fille et de ses compagnons de vacances, il passe son temps à faire la fête, au détriment de son travail.
Anna, par des gestes tendres, l’attention particulière qu’elle lui porte, encourage sans s’en rendre compte, Kostis dans les sentiments qu’il lui porte.
Quand elle en prendra conscience, elle tentera de décourager ses emportements amoureux mais il sera déjà trop tard.
«Suntan» est la version sombre de la crise de la quarantaine chez un homme de nature austère qui soudain s’éveille à la vie et au plaisir.
Kostis dont on ne saura que peu de choses de son passé, laisse imaginer par le comportement qu’il a pendant la saison morte sur l’île, que c’est un célibataire solitaire enclin à une vie réglée où il n’y a guère de place ni pour la fantaisie, ni pour une relation sentimentale.
Cependant,lorsqu’il découvre les comportements extravertis des groupes de jeunes vacanciers, il n’est pas spécialement effarouché.
Anna est une jeune femme libre et belle. Kostis est sans doute très vite séduit par son charme mais la prudence qui l’habite l’aurait sans doute tenu à distance d’une histoire d’amour s’il n’avait vu dans la façon de faire d’Anna à son égard, un encouragement à aller plus avant vers elle.
Argyris Papadimitripoulos va en vacances à Antiparos depuis son adolescence. Sa parfaite
connaissance de cette petite île et notamment pendant la période d’été, lui a sans doute dicté les meilleurs angles pour reproduire les ambiances, les atmosphères, les habitudes des vacanciers ; de sorte que le film bénéficie, à ce niveau là, d’un solide accent d’authenticité.
Il a parfaitement réussi le passage d’une saison à l’autre, de la morosité de l’hiver à la pleine luminosité de l’été, des rues désertes aux prises avec les intempéries hivernales au plein soleil et à la cohue des vacanciers qui les remplissent et les rendent méconnaissables.
Les protagonistes du film, du personnage de Kostis à ceux qui composent le groupe de vacanciers qu’il parvient à infiltrer, tous échappent aux clichés habituels.
Kostis est un être imprévisible. Pour ce quarantenaire, le passage de sa nature de célibataire prolongé inhibé au personnage soudain extraverti se passe avec une grande fluidité quand, en dépit de son physique de bonhomme rondouillard, il parvient à se mêler sans tomber dans le ridicule, à une bande de jeunes gens qui ont la moitié de son âge, libérés et joyeux fêtards.
Koskis métamorphosé par cette rencontre révèle une élégance naturelle et un charme que la grisaille de l’hiver avait cachés et il est possible, sans qu’elle ait eu le moindre projet d’avenir avec lui, qu’Anna n’ait pas été insensible à cette présence rassurante et paisible.
Argyris Papadimitripoulos maîtrise totalement un scénario qui, surtout au moment des articulations narratives, aurait pu sombrer dans la pathos et le prévisible.
Il a notamment su faire la jonction entre deux mondes à première vue, incompatibles. Et quand il s’est agi, d’en arriver au moment du débordement, quand Kostis se trouve submergé par le démon de la jalousie, il n’a pas hésité à prendre le récit à bras le corps et à conduire le personnage jusqu’aux frontières de la folie et à toucher à la tragédie.
Francis Dubois
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