Déprimée par une rupture amoureuse soudaine, Jeanne frappe à la porte de l’appartement de son père, Gilles, un professeur d’université, pour lui demander asile.

Celui-ci vit en couple avec une jeune femme du même âge qu’elle.

D’abord méfiantes l’une vis à vis de l’autre, les deux femmes finissent par se rapprocher.

Mais l’une vit dans la souffrance d’un amour disparu et toujours vivant tandis que l’autre se livre à des infidélités passagères, à des aventures d’un jour dont elle pense qu’elles ne prêteront pas à conséquences.

Entre les deux, Gilles, attaché à l’idée de vivre un sentiment amoureux durable, connaît les affres de la jalousie et du renoncement.

Cinéma : L'amant d'un jour
Cinéma : L’amant d’un jour

Le sujet qu’aborde ici Philippe Garrel aurait pu servir de prétexte de base à un film d’Eric Rohmer mais le traitement de ce marivaudage, tournant autour de plusieurs visions de l’amour, est plus grave chez Garrel qu’il n’aurait été chez Rohmer.

Deux questionnements traversent le récit de « L’amant d’un jour » : La souffrance est-elle évitable en amour ? Faut-il vivre un amour dans l’incertitude et s’en protéger ?

Chacun des trois protagonistes ira au bout de sa logique : la fille fidèle à son idéal d’un amour exclusif, le père soucieux d’éviter la brutalité des sentiments et sa compagne avec une approche plus impulsive de l’amour qui inclut l’infidélité passagère.

Philippe Garrel fait baigner son récit dans une inquiétude et une mélancolie parfois poignantes mais la conclusion n’est pas sans une issue possible…

Son film bénéficie d’un élégant noir et blanc toujours magnifique mais encore plus efficace quand, dans des atmosphères nocturnes, il renvoie les personnages à leur solitude profonde.

Si le cinéma de Garrel est très voisin d’un film à l’autre et s’il traite, dans une nouvelle inspiration narrative depuis une grosse décennie, les sentiments amoureux exacerbés par la jalousie où la souffrance de façon moins distanciée, il reste fidèle en de nombreux points à une démarche cinématographique qui n’appartient qu’à lui de telle sorte que ses films sont reconnaissables entre cent autres.

De film en film, les situations fonctionnent selon d’infimes variations. La naissance de l’amour, la trahison, la rupture en sont les thèmes récurrents.

Depuis ses débuts de metteur en scène en 1968, Il a tourné de nombreuses fois avec son père, Maurice Garrel. Son fils Louis Garrel a été son comédien à quatre reprises (il jouait déjà à six ans dans « Baisers de secours » où il donnait la réplique à sa mère Brigitte Sy). Cette fois-ci, il a donné le rôle de son héroïne à sa fille Esther pour aborder au plus près l’histoire d’un père et de sa fille.

Chaque sortie d’un film de Philippe Garrel est un événement confidentiel. Il serait bien que le moment vienne où un public se laisse aller à voir les films de ce réalisateur singulier qui «nourrit l’intime pour mieux atteindre l’universel»

Francis Dubois


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