Aurore a atteint la cinquantaine et tiré un trait sur toute vie sentimentale. Elles est serveuse dans un bar et vit dans un pavillon à La Rochelle avec ses deux filles qui sont devenues des jeunes femmes.

Le jour où elle perd son travail pour avoir été un peu «directe» avec son patron, elle se lance dans la recherche d’un nouveau job.

Aurore cessera de se considérer comme une perdante le jour où, par le plus grand des hasards, elle retrouve Totoche, son amour de jeunesse qu’elle a délaissé pour celui qui est aujourd’hui le père de ses filles et dont elle est séparée.

Tout ce qui avait été enfoui pendant vingt-cinq ans revient à la surface. Mais il n’est pas facile de réinventer une ancienne relation importante comme celle qui les avait unis, quand l’homme est un peu revenu de la vie et la femme sur le point de devenir grand-mère….

Cinéma : Aurore
Cinéma : Aurore

Avec «Aurore» , Blandine Lenoir a voulu rendre hommage à ces femmes qui, dès lors qu’elles ont atteint la cinquantaine et qui, bien qu’encore désirables, vivent dans la solitude amoureuse alors qu’elles ont vu leurs ex refaire leur vie.

Elle aborde le sujet de la cinquantaine chez la femme de façon frontale en exposant d’entrée de récit, les désagréments de la ménopause, période charnière et traumatisante chez certaines d’entre elles qui la vivent comme un terme à leur féminité.

Le sujet était audacieux et il suffisait à lui-même mais Blandine Lenoir a chargé son scénario de nombreux autres thèmes : la femme de cinquante ans qui renonce à toute vie sentimentale face à ses deux filles en pleine découverte amoureuse, la femme de cinquante ans à qui on annonce qu’elle va être grand-mère, la difficulté pour une femme de cinquante ans de retrouver un travail quand elle a été licenciée, les femmes de cinquante ans dont le féminisme est plus acéré que celui de jeunes filles de dix-huit ans, la solidarité féminine, la résurrection d’un amour ancien, la crainte à cinquante ans de se lancer dans une histoire amoureuse…

Car, même si elle s’arrange avec cette abondance de sujets et si elle réussit à les juxtaposer avec une certaine fluidité, le film croule un peu sous le nombre et sous le fait que le souci de Blandine Lenoir était de réaliser une comédie

Pour cela elle a fait appel à des comédiens et comédiennes à qui elle a distribué des partitions sur mesure et qui répondent en faisant chacun une sorte de numéro, chacun dans ses cordes.

Ainsi Françoise Muller irrésistible en employée qui ne finit jamais ses phrases, Marc Citti en gynécologue peu pédagogue, Laure Calamy en employée de pôle emploi féministe et révoltée contre la gente masculine, Philippe Rebbot en ex assis entre deux chaises ou Nanou Garcia en future grand-mère extravertie.

Ces moments sont drôles et les comédiens sont efficaces…

Quant à Agnès Jaoui qui a la charge d’interpréter Aurore, elle est touchante en femme de cinquante ans qui retrouve une insouciance juvénile et drôle quand les ouvertures automatiques lui résistent, sexy quand elle se rend à un rendez-vous en jupe de cuir moulante.

Thibaut de Montalembert (que le feuilleton « Dix pour cent » semble avoir remis en selle) est parfait en vieil amoureux prudent.

Pascale Arbillot joue les «femmes tourbillon» audacieuses et culottées avec maestria.

Tout cela contribue à faire d’ «Aurore» une comédie légèrement grinçante efficace…

Francis Dubois


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