Liangqing et Guo, deux jeunes birmans, se sont croisés au moment de leur arrivée en Thaïlande. Quelque temps plus tard, après que chacun est parti de son côté, ils vont se retrouver et voir s’établir entre eux un sourd élan de solidarité.
Alors que Liangqing trouve un emploi dans les cuisines d’un restaurant de Bangkok et un logement dans un regroupement de jeunes filles, Guo est embauché dans une usine textile.
Pour eux comme pour de milliers d’autres birmans émigrés en Thaïlande sans papiers, le quotidien est plus que précaire avec la constante menace d’un contrôle de police qui pourrait être fatal et renvoyer à la case départ.
Tandis qu’un lien amoureux finit par naître entre les deux jeunes gens, ceux-ci vont se débattre avec une administration pervertie, dans une suite de démarches kafkaïennes.
Mais si Guo caresse le projet de retourner en Birmanie dès qu’il aura économisé un pécule, Liangqing est prête à tout pour obtenir une carte de travail et un visa qui lui donneront une plus grande latitude dans ses choix et l’occasion de grimper dans l’échelle sociale.
En Birmanie, on dit que pour échapper à la misère, les pauvres ont trois solutions: le trafic de drogue, tenter sa chance dans une mine de jade ou tenter l’émigration clandestine vers la Thaïlande.
Depuis la fin des années soixante-dix, l’émigration clandestine birmane a littéralement flambé et notamment en direction de la Thaïlande.
En 2008, il ressortait d’une enquête sur les droits de l’homme en Asie, que le nombre de travailleurs birmans en Thaïlande était d’environ 3 millions, dont 2 millions entrés clandestinement.
En dépit de l’ouverture et de la démocratisation progressive de la Birmanie, les conditions de vie des travailleurs migrants n’ont guère évolué depuis trente ans.
Et l’histoire de Liangqing et Guo que raconte « Adieu Ma n dalay » est d’une grande banalité.
Pour narrer l’enchaînement des péripéties qui ponctuent le quotidien des migrants, Midi Z a passé trois années sur le terrain en Thaïlande et en Birmanie, interrogé plus d’une centaine de résidents birmans illégaux et compilé dix volumes d’histoires, d’époques et de résolutions différentes.
Et d’entre toutes ces histoires, il a choisi parmi celles qui étaient les plus proches de son expérience personnelle, de façon à être le plus près possible de la réalité.
Il en résulte un film de fiction avec une telle force documentaire qu’il est presque difficile d’imaginer que les interprètes de Liangqing et Guo sont des comédiens professionnels tant ils «collent» à leurs personnages.
Les lieux ajoutent à cette impression d’authenticité ainsi que l’image brute et sans faiblesse esthétique.
Un film que nous plonge dans la détermination des déracinés à la recherche d’une sortie du tunnel où ils se sont engagés. Un film sur l’exploitation des migrants, rugueux mais non désespéré malgré l’absence d’humanité.
Francis Dubois
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