Tsanko est un cantonnier chargé de vérifier le bon état de la voie ferrée. Il est célibataire, solitaire et ne trouve un peu de chaleur qu’auprès de ses quelques lapins auxquels il porte une tendre attention.
Un jour, au cours de sa tournée, après avoir surpris des employés de chemins fer en train de siphonner du fuel dans les citernes, il tombe sur un gros paquet de billets de banque offerts à tous les vents.
Plutôt que de les garder, en homme honnête, il avertit les autorités qui, en signe de reconnaissance, organisent une cérémonie en son honneur.
Comme cadeau, on lui offre une montre que les caméras de télévision doivent mettre en évidence. Pour cela, on ôte de son poignet sa vieille « Glory ».Mais le hic est, qu’après le cérémonie, personne ne sait où sa montre a été rangée.
Dès lors, Tsanko n’a plus qu’une seule idée : la récupérer.
Mais ses demandes répétées et insistantes se heurtent à l’indifférence de la redoutable Julia responsable de service au Ministère des Transports, hyperactive mais pour le moment partagée entre ses occupations professionnelles et l’implant d’un embryon dont elle espère que la greffe prendra et pourra déboucher sur une grossesse.
« Glory » est une comédie qui devient, au fil du récit, de plus en plus grinçante.
Le film s’inspire d’un fait divers survenu en 2001 qui raconte qu’un cantonnier, après avoir joué la carte de l’honnêteté suite à la découverte de billets de banque, jurait que si l’événement venait à se renouveler, au lieu de prévenir les autorités, il passerait son chemin.
L’homme n’en disait pas plus, mais assez pour que les réalisateurs s’interrogent sur le pourquoi de cette déclaration.
Il ont alors donné libre cours à leur imagination et écrit le scénario du film…
La singularité du scénario de «Glory » est de fonctionner sur la perte d’un simple objet, une montre, et qu’à partir de là, de faire s’enclencher toute une mécanique de rebondissements avec, comme élément moteur un acharnement de toutes parts sur la personne simple et un peu misanthrope du cantonnier bègue.
«Glory » est une comédie amère, une peinture redoutable de la société bulgare, des journalistes et des représentants du pouvoir.
Les films qui nous viennent de Bulgarie sont si rares que « Glory» mérite qu’on lui apporte toute notre attention d’autant plus que le film de Kristini Grozeva et Petar Valchanov, très réussi, se maintient de bout en bout entre franche comédie et satire sociale, entre rire et émotion.
A noter la performance du comédien Stefan Denolyubov époustouflant dans le rôle de Tsanko.
A voir absolument.
Francis Dubois
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