Daphné est une adolescente de 17 ans frêle, jolie, volontaire mais qui, livrée à elle même, est tombée dans la délinquance.
Elle survit en braquant les usagers dans le métro de Rome, à qui elle vole leur téléphone portable. En fin de journée, elle livre sa « récolte » à un complice qui la rémunère.
Mais un jour, elle est débusquée à la suite d’un vol, arrêtée et jugée. Elle finit par atterrir dans une prison mixte pour mineurs.
Elle y rencontre Josh, un garçon romantique et rebelle.
Au sein d’un milieu carcéral brutal où tout contact entre filles et garçons est interdit, au rythme des conversations échangées d’une cellule à l’autre et des messages clandestins, Daphné et Josh entament une histoire d’amour.
Lorsqu’il a découvert le fonctionnement de ces centres de détention mixte pour adolescents où l’une des règles premières est l’interdiction pour les garçons et les filles de communiquer entre eux, le cinéaste Claudio Giovannesi a eu l’idée de situer dans ce contexte brutal et répressif, une histoire d’amour novice et forte.
La question qui est posée dans le film est de savoir s’il est possible de vivre une adolescence en milieu carcéral, de préserver la part d’innocence et de grâce inhérente à cet âge-là, tout en étant derrière des murs et reconnu coupable par la loi.
Cette contradiction a été le point de départ du travail du cinéaste et de ses scénaristes, le paradoxe de deux adolescents qui vivent dans ce contexte et surtout dans un lieu où l’amour est proscrit, la force et l’aveuglement d’un premier amour.
Avec l’observation de ses deux protagonistes, le film souligne que la prison n’est pas seulement la privation de la liberté, mais un endroit où l’amour est vis à vis du règlement, totalement rayé de la liste des sentiments possibles.
Daphné est une rebelle, réfractaire à la moindre concession. Dans un premier temps, elle refuse tout épanchement, toute faiblesse et l’amour qu’elle sent monter en elle est, dans un premier temps, compris dans ce refus
Mais, dès lors qu’elle cède aux sentiments qui la submergent, elle n’oppose plus la moindre résistance à son attirance pour Josh. Et son amour pour Josh ne connaîtra pas de limites.
Claudio Giovannesi ne réalise pas, avec «Fiore», un film de plus sur le milieu carcéral. Il gomme de sa réalisation tout ce qui pourrait s’apparenter à un quelconque folklore. Il centre la force de son récit sur ses deux personnages et principalement, sur celui de Daphné puisque tout le film repose sur son point de vue.
Il a trouvé en Scoccia, qui travaillait comme serveuse dans un restaurant de Rome au moment où il l’a rencontrée, l’interprète idéale pour jouer Daphné. Elle exprime magnifiquement la résistance, le refus et son jeu «fermé»donne au premier sourire qu’elle s’autorise, une vraie luminosité.
Joscilia Algéri interprète un Josh plus en retenue et les deux personnages ensemble présentent une sorte de complémentarité.
«Fiore» n’est pas qu’un film sur les prisons. La prison n’y est qu’une toile de fond pour raconter l’histoire d’un amour adolescent dans un contexte frustrant.
Francis Dubois
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