Son oeuvre a fait de Wladyslaw Strzeminski le représentant majeur de la peinture d’avant-garde dans la Pologne d’après-guerre.

Professeur enseignant à l’École Nationale des Beaux-Arts de Lodz, il est considéré par ses élèves comme le grand maître de la peinture moderne.

Mais les autorités en place ne partagent pas cet avis. Alors que de nombreux artistes vont se conformer aux exigences du parti, Wladyslaw Strzeminski lui, va lui résister .

Il va faire front aux premières manifestations d’intimidation dont il est victime mais bientôt l’acharnement destructeur va le submerger.

En dépit des soutiens dont il bénéficie et notamment de la part de ses étudiants les actions des autorités vont l’isoler en le privant des moyens de poursuivre son travail.

Il verra bientôt ses œuvres disparaître des salles où elles étaient exposées avant qu’elles ne soient saccagées et presque totalement détruites.

cinéma : les fleurs bleues
cinéma : les fleurs bleues

Andrzej Wajda, à qui l’on doit des œuvres cinématographiques majeures dans les années 70-90, fortement engagées comme « l’homme de fer » en 1981, « Le bois de bouleaux » en 1970 ou «les demoiselles de Wilko », dresse avec « Les fleurs bleues » le portrait d’un homme intègre, un homme confiant dans ses choix dont la vie a été consacrée à la peinture et à l’art moderne.

Il dépeint les années allant de 1949 à 1952 au cours desquelles la soviétisation de la Pologne a pris sa forme la plus radicale et que dans le domaine de l’art, le réalisme socialiste est devenu la forme artistique obligatoire.

Avec sa femme qu’il a rencontrée dans un hôpital après avoir été blessé au front (il est amputé d’une jambe et d’un bras), ce sont les initiateurs de l’art moderne en Pologne dans les années 20 et 30. En 1929 ils fondent un groupe d’artistes constructivistes comprenant des peintres mais également des poètes et des écrivains.

Leurs recherches les conduit à devenir d’éminents artistes, elle dans le domaine de la sculpture, et lui dans la peinture abstraite. Dans le courant des années 30, ils publient une série de textes théoriques et acquièrent une réputation internationale.

Le film de Wajda décrit la chute d’un homme, fût-il un artiste d’importance, provoquée par des hommes en place qui se veulent théoriciens du réalisme socialisme.

Sur la volonté aveugle d’un ministre, communiste stalinien de la première heure, général de brigade,

Strzeminski est licencié de l’école qu’il a créée, ses œuvres et celles de sa femme sont retirées du Musée et la salle «Néo-plastique» où étaient exposées ses tableaux est détruite et repeinte en blanc.

Réduit à la pauvreté, Strzeminski devient étalagiste dans une boutique de vêtements. Il meurt de la tuberculose en décembre 1952, banni par les autorités.

Le sujet qu’aborde ici Andrzej Wajda qui dénonce la politique culturelle d’un régime totalitaire bridant toute tentative de création innovante, ne pouvait aller paradoxalement du côté de l’exercice de style cinématographique. La succession des faits pris dans une spirale négative et de destruction ne pouvait trouver efficacité que dans la forme académique, dans un déroulement linéaire des événements pour laquelle a opté le cinéaste.

On peut ajouter à la brillante filmographie de ce grand homme du cinéma polonais et mondial, ce film-ci que certains pourront considérer comme une œuvre mineure.

Il vaudrait mieux dire rigoureuse.

C’est au contraire une œuvre forte, brutale et cruelle. Totalement aboutie.

Francis Dubois


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