Depuis la fin d’une histoire d’amour malheureuse, Faten, belle jeune femme seule avec un bébé est hébergée par son frère.
Lorsque son chemin croise celui de Karim, elle est immédiatement séduite même si le jeune homme est aussi immature qu’elle est pragmatique.
Karim qui tombe immédiatement amoureux de Faten a une passion, la boxe, un sport pour lequel il montre de fortes dispositions et sur lequel il pense pouvoir construire un avenir stable.
Mais lorsqu’au cours d’un combat, Karim est blessé au poignet, il n’est pas certain qu’une intervention chirurgicale qui s’impose pourra lui permettre de monter à nouveau sur un ring et de poursuivre sa carrière.
Or, Karim ne sait rien faire d’autre. Et pour assurer son avenir, se rendre crédible auprès de la famille de Faten, acceptera-t-il un emploi d’entraîneur sportif auprès de jeunes enfants ? Son absence de maturité lui coûtera-t-elle son avenir auprès de la femme qu’il aime ?
Le titre du film, bien qu’il ne soit ponctué d’aucune interrogation, trouve dans son affirmation même, à la fois autant de réserve que de détermination.
Faten et Karim ont le projet de se marier et ils engagent, malgré les différences qui les opposent, toutes les démarches pour aller dans ce sens.
Dan Uzan a construit son récit sur le contraste de personnalités de deux êtres amoureux l’un de l’autre, qui ont conscience de leur différences mais qui ont décidé de les outrepasser.
Faten est une jeune femme posée et dont le souci est de ne pas renouveler une expérience amoureuse qui la conduirait vers un nouvel échec.
Face à elle, pour se construire un nouveau départ, elle a un garçon fougueux dont la sincérité des sentiments ne fait pas de doute mais qui avance à vue, vers un avenir professionnel incertain dans un domaine où les chances de réussite sont minces.
Dan Uzan raconte une histoire à la fois simple et dangereusement complexe dans laquelle l’extrême lucidité de Faten et la fragilité des engagements de Karim mettent en place une impression de danger, de menace qui plane sur la force et la sincérité des sentiments.
La question est posée de savoir sur quelles bases peut se construire l’avenir prometteur d’un couple.
Dan Uzan ne fournit pas de réponse et laisse le spectateur et les protagonistes dans la même expectative. Car c’est sur la durée, bien au-delà du moment où le film s’achève, qu’on pourra savoir si deux êtres dissemblables peuvent construire ensemble un avenir durable.
C’est dans la simplicité du sujet, dans sa banalité de surface que « Nous nous marierons » trouve sa force.
Dans la façon dont Dan Uzan aborde son sujet en mettant la lumière sur le personnage de Karim dans un premier temps avant d’amener progressivement sur le devant du récit celui de Faten, dans sa façon d’approcher au plus près les visages pour y lire au-delà des mots, la profondeur des sentiments et de l’inquiétude latente.
Les comédiens sont magnifiques.
Francis Dubois
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