Sydney Brown est un auteur qui a écrit, entre autres, une pièce policière qui a connu un très grand succès. Alors qu’il se trouve en panne d’inspiration dans son joli cottage, voici qu’il reçoit le manuscrit d’un jeune homme qui fut son étudiant dans le cours d’écriture qu’il donnait à l’Université. Il sent que ce sera un immense succès, celui après lequel il court en vain désormais et, surprise inespérée, ce jeune homme souhaite venir le voir pour qu’il soit son premier lecteur. Il se demande comment s’approprier ce manuscrit ? Chercher à en être coauteur ainsi que le suggère sa femme ou pourquoi pas le tuer purement et simplement ?
Adaptée par Gérald Sibleyras d’une pièce de Ira Levin, l’auteur du célèbre Rosemary’s baby, constamment jouée depuis son écriture 1978, la pièce fourmille de rebondissements. Il y a du suspense, des surprises, du rire et de l’humour noir selon les codes du genre.
Le metteur en scène Éric Métayer, habitué des Molières aussi bien en tant qu’acteur que metteur en scène, a situé l’action dans un petit cottage anglais où seul le bureau, pièce maîtresse du mobilier d’un écrivain, changera au cours de l’avancée de la pièce. Les quatre acteurs sont à la fois intrigants et drôles. Nicolas Briançon donne à Sydney Brown le visage d’un auteur exaspéré par la fuite de l’inspiration, qui ne veut perdre ni sa notoriété ni l’aisance matérielle qu’elle lui procure, cynique, machiavélique, cherchant à avoir toujours un coup d’avance. Face à lui Cyril Garnier est le jeune auteur Clifford. Naïf ou roué, c’est à voir, Sydney n’en fera-t-il qu’une bouchée ? Virginie Lemoine fait de Myra, la femme de Sydney, une femme prête à quelques entorses avec la morale (mais pas trop !), qui glisse de son personnage de gentille tricoteuse à celui d’une femme apeurée dans son coin quand elle n’est plus à la hauteur du jeu. Enfin Marie Vincent apporte à la pièce une note déjantée avec son personnage de voyante à l’accent impossible, voyante extra-lucide mais pas complètement !
On prend beaucoup de plaisir à ce duel entre menteurs « atteints de la maladie du polar » où chacun cherche à tromper l’autre, au ping-pong des dialogues et aux situations qui se retournent à plaisir.
Micheline Rousselet
Du mardi au samedi à 21h, le samedi à 15h30
Théâtre La Bruyère
5 rue La Bruyère, 75009 Paris
Réservations : 01 48 74 76 99
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