Laurent Bonnot, bassiste électrique de cette Fender Bass (du nom de son inventeur, dans les années 1950 utilisée pour une des premières fois par Monk Montgomery), a réuni, autour d’un rêve d’ermite, quelques figures du jazz français pour les faire se dialoguer. Il s’est réservé un double rôle, compositions (sauf une de Pierre Perchaud) et assise rythmique pour indiquer les métriques qu’il juge nécessaires. Il prend, ce faisant, la place du batteur qui disparaît.
Cette basse se fait entendre et fort dans toutes les musiques de notre air du temps. Cette basse s’est imposée à partir de James Brown et de Sly pour couvrir toute la musique qu’elle soit électronique ou non.
Il fallait lui donner une place plus singulière et plus modeste pour la faire revivre, montrer qu’elle vaut mieux que sa réputation. Un pari réussi. Il faut que la troupe ne s’en laisse pas conter. Serge Lazarevitch à la guitare, un de ces guitaristes électriques qu’il faut savoir écouter tellement franc-tireur qu’il a du mal à se faire reconnaître mais d’une maîtrise étonnante, capable de s’y retrouver dans toutes les ambiances, Laurent Dehors, clarinette et clarinette basse, retrouvant toutes les mémoires du jazz pour les dérouter et Médéric Collignon, à la trompette, au bugle et au scat – sur une après midi, en duo avec le bassiste pour un voyage sidérant comme souvent.
« Hermit’s Dream » interroge. A quoi peut bien rêver un ermite ? Si l’on en croit les titres on répondra qu’il fait partie, cet ermite, d’un clan des hirsutes qui se regardent en chien de faïence pour construire un nouvel âge – le monde en a besoin – avant de formuler une dernière requête une après midi (d’un faune sans doute, en forme de Collignon) où se font voir les belles-flânantes qui chantent une ballade pour tout le monde.
Traduction libre : des musiques et des métriques étranges pour faire surgir un nouveau paysage provenant de notre imagination libérée. Laurent Bonnot sait faire chanter sa basse, soudain légère et lumineuse. Musiques hermétiques au départ, elles supposent plusieurs écoutes pour en percer le mystère…
Nicolas Béniès
« Hermit’s dream », Laurent Bonnot, Label La Durance distribué par Orkhêstra International.
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