Paterson vit à Paterson dans le New-Jersey, une ville hantée par les souvenirs des poètes qui y ont séjourné, de William Carlos Williams à Allan Ginsberg et qui est aujourd’hui en décrépitude.
Paterson est chauffeur de bus et bien que rêveur, sa vie est réglée à la minute près.
Une vie qu’il partage avec Laura une jeune femme pleine d’imagination qui multiplie les projets et les expériences et qui a choisi de vivre dans un univers où le noir et blanc prédomine
Leur chien, un bouledogue anglais, occupe une place importante dans la vie du couple.
Mais Paterson n’est pas seulement chauffeur de bus. Chaque jour, il écrit de nouveaux poèmes dans un petit carnet secret qui ne le quitte jamais.
« Paterson » suit le déroulement de la vie de ce jeune homme qui semble avoir trouvé sa liberté dans le carcan même de son quotidien.
Chaque matin, il est, à quelques minutes près, la même heure quand il se lève, la même heure quand il prend son petit déjeuner, la même heure quand il emprunte le même chemin qui le mène au dépôt de bus où, en attendant l’heure du départ, il ouvre son carnet et écrit quelques lignes.
A son retour chez lui, après avoir retrouvé Laura qui n’a pas manqué de réaliser quelques nouvelles créations en noir et blanc,(rideaux, pancakes ou tissus destinés à la confection de nouveaux vêtements), il entame avec son chien en laisse une promenade rituelle avec un arrêt dans un pub de quartier où il a ses habitudes et où il observe avec à la fois distance et regard amical, le comportement des habitués.
« Paterson » raconte une histoire simple et tranquille de deux personnes qui ne demandent pas plus que ce qu’ils ont, dont l’imagination, une certaine force créative, suffisent à nourrir un bonheur modeste, fait de petits riens.
Si Paterson à l’occasion, s’écarte un instant de la ligne tracée de ses habitudes, c’est pour rencontrer des personnages que le hasard a mis sur son chemin. Une fillette elle aussi poète à ses heures ou ce touriste poète japonais qui lui offre un livre blanc pour relancer Paterson dans son écriture après la destruction de son carnet secret par le chien espiègle.
« Paterson » est un récit feutré dont le moindre détail, qu’il soit d’ordre narratif ou décoratif, s’ajoutant à un autre, parfois à peine perceptible constitue la pièce d’un puzzle tout en demi-teinte.
Le film qui est un antidote à la noirceur du cinéma dramatique et du cinéma d’action, rend hommage à la poésie des détails et donne ses lettres de noblesse au quotidien quand il s’agrémente, en sourdine, d’un très léger décalage.
Le film marque le retour en force de Jim Jarmusch.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu