« Mapplethorpe : look at the pictures » est le premier long métrage documentaire illustrant la vie sulfureuse du photographe américain Robert Mapplethorpe qui a non seulement permis à la photographie de trouver sa place au sein de l’art contemporain mais qui plus est, par le biais inédit d’une représentation frontale de l’homosexualité masculine.
Mort du sida en 1989, ce garçon au charme foudroyant, à la personnalité charismatique dont la vie fut plus scandaleuse que ses photographies, apparaît aujourd’hui encore comme un artiste visionnaire et audacieux dont les œuvres continuent à faire débat.
Sa famille, ses amis, ceux qui furent parmi ses amants témoignent.
Ils parlent de lui, de son intimité dans une série d’interviews d’archives inédites et rendues publiques pour la première fois.
La chose plus scandaleuse encore que les photographies de Robert Mapplethorpe fut sa vie parcourue par sa double fascination pour la photographie et pour le sexe, deux vecteurs qu’il a toujours tenu et réussi à concilier.
Celui dans l’intimité de qui on ne pouvait accéder que si on était riche, célèbre ou comme lui montrant une addiction au sexe, a réussi à faire admettre des photographies sulfureuses comme des œuvres d’art, plus tard prisées sur le marché de l’art contemporain.
Robert Mapplethorpe a eu des centaines d’amants mais seuls une poignée d’entre eux ont eu un réel impact sur sa vie intime et professionnelle.
Pour aider à définir le portrait de cet artiste, sa sœur aînée Nancy et son frère cadet Edward qui fut son assistant, se confient à la caméra de Penton Bailey et Randy Barbato, ainsi que des journalistes qui l’ont côtoyé et certaines collaboratrices dont on a du mal à imaginer qu’elles ont pu se familiariser avec les motifs récurrents de ses photographies.
Mais le personnage le plus important de ce document est Mapplethorpe lui-même quand, parlant de son œuvre, avec sincérité et franchise, il approche sans les dépasser les limites de la provocation.
Il parle sans détours, sans précaution préalable, de sa vie tumultueuse, de ses amours, ses aventures sexuelles qui, à ses yeux ne faisaient qu’un.
Ses confessions sont assorties d’images d’archives inédites et rares qui donnent à reconsidérer « le mythe Mapplethorpe ».
Sa dernière exposition, la rétrospective ‘The perfect moment » qu’il a conçue lui-même alors qu’il était presque mourant a provoqué une véritable onde de choc et l’a définitivement porté à la postérité.
Depuis sa mort, sa fondation qui vaut maintenant des centaines de millions de dollars a enrichi les collections de plusieurs institutions comme les musées Guggenheim ou Getty.
Un documentaire qui ne mâche pas plus les mots que les images, puissant et émouvant.
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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