Naomi Klein avait publié en 2014 – publié en français chez Actes Sud en 2015 – cette analyse qui reste d’une brûlante actualité : « Tout peut changer », sous titré « Capitalisme et changement climatique ». Il vient d’être réédité dans la collection de poche « Babel ».

Elle dresse un réquisitoire contre les programmes de la droite partout dans le monde. Avec la victoire de Donald Trump aux États-Unis et la nomination d’un climato-sceptique à la tête de l’agence de l’environnement, elle tape plus juste encore. Cet histrion peut-il rester à la tête du plus grand pays du monde avec une telle attitude que l’on dit cynique mais qui n’est qu’imbécile.

Littérature : Tout peut changer
Littérature : Tout peut changer

Elle passe en revue toutes les résistances, toutes les réactions, les politiques gouvernementales pour montrer leur ineptie. La COP 21, malheureusement, ne vient pas la contredire, même s’il s’agit d’un premier pas vers une prise conscience globale de la nécessité de lutter contre les mutations climatiques. Elle montre bien qu’il existe aussi une crise écologique qui suppose de changer totalement de braquet et d’abord de rompre avec l’idéologie libérale, les politiques qui en sont issues pour aller vers une planification, une réglementation de la finance et le retour des services publics, pour promouvoir l’éthique dans un monde qui en a besoin pour se déterminer un autre avenir que la catastrophe. Un des préalables, la construction d’espaces de liberté, fortement remis en cause partout dans le monde actuellement, la menace terroriste justifiant toute cette répression et surveillance, remettant en cause vie privée et droits démocratiques.

Notre monde est malade, malade de l’absence de diagnostic. De quoi souffre-t-il ? Aucune analyse concrète d’une situation concrète. Les seules réponses sont idéologiques accentuant la crise politique qui empêche l’action politique elle-même. Les multinationales apparaissent très fortes parce que les États refusent de les encadrer. Leur pouvoir n’est pas infini. Plus encore, elles ont besoin d’un État pour exister. Il faut prendre le risque d’une construction d’un avenir en prenant appui sur les dimensions de la crise actuelle. Les remèdes libéraux aggravent le mal parce qu’ils se situent en dehors de toute réalité y compris celle du capitalisme. Il faut radicalement définir une politique qui combatte un capitalisme qui ne connaît que les destructions à la fois industrielles, économiques, sociales, culturelles mais aussi de la biosphère. Ce cri d’alarme devrait être entendu.

Nicolas Béniès

« Tout peut changer », Naomi Klein, traduit par Geneviève Boulanger et Nicolas Calvé, Babel/Actes Sud.


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