Au Pedocin, une plage populaire de Trieste, les hommes et les femmes sont séparés par un mur de béton.

Bienheureux dans l’entre soi, la force des habitudes et de vieilles complicités, chacun amène avec lui sa bonne humeur ou ses nostalgies pour faire vivre ce lieu unique et pittoresque.

Le film de Thanos Anastopoulos et de Davide Del Degan, l’un grec, l’autre italien, est une réflexion douce-amère sur les frontières, les identités et les générations, une tragi-comédie sur la nature humaine et peut-être un arrêt sur image sur un dernier sursaut d’optimisme et d’insouciance assumée.

Cinéma : L'ultima spiaggia
Cinéma : L’ultima spiaggia

« L’ultima spiaggia » est une immersion dans le quotidien du Pédocin une plage publique située dans le centre-ville de Trieste qui a la particularité de voir les hommes et les femmes séparés par un mur. Un mur qui date de l’époque de l’empire austro-hongrois, qui est devenu une tradition et sans doute, le dernier existant en Europe.

Jusqu’à la première guerre mondiale, Trieste appartenait à l’empire austro-hongrois. La ville est revenue à l’Italie dans l’entre-deux guerres. Tito voulait cette localité qu’il aimait beaucoup. Finalement, pour des raisons géopolitiques, Trieste est donnée à l’Italie en 1954.

Les plus âgés qui fréquentent cette plage ont vécu leur enfance sous l’influence de la culture américaine.

Le problème des migrants n’est jamais évoqué même si au cours du tournage du film, l’arrivée massive des Syriens a commencé à se produire.

La seule allusion au drame des migrants provient d’une conversation entre femmes où il est dit qu’elles ne mangent plus de poissons depuis qu’il y a tant de morts dans la Méditerranée.

«  L’ultima spiaggia  » signifie la dernière plage. C’est une expression qui peut signifier également la dernière chance, la dernière option.

Le documentaire s’apparente à une réflexion sur une Europe vieillissante et les personnages récurrents du récit appartiennent pour la plupart à la catégorie du troisième âge et même si ça n’est pas signifié, on peut comprendre à travers leur comportement général que ceux et celles qui fréquentent régulièrement la plage vivent seuls chez eux et que l’assiduité à fréquenter le Peducin est pour eux une nécessité pour ne pas sombrer dans une totale solitude.

Du côté des hommes, il est souvent question de la mort alors qu’il y a chez les femmes un vif désir de vivre, une joie de vivre affichée parfois jusqu’au pathétique.

Il y a, dans le documentaire de Thanos Anastopoulos une atmosphère de fin d’époque et même si la lumière d’été éclaire, quelque chose de sombre qui plane. Même si rien d’autre n’entame la bonne humeur et les éclats de rire que les lendemains incertains.

Un film tout autant vivifiant que pathétique.

Francis Dubois


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