Des nausées alertent Nicole. Sont-elles les premiers signes de la ménopause ? Un test de grossesse met un terme au doute. A quarante-neuf ans, grand-mère d’une fillette de six ans, Nicole est bel et bien enceinte.
Autour d’elle, les réactions sont contrastées. Prise d’une bouffée de maternité, elle décide de garder le bébé….
Sur le thème d’une grossesse tardive, des réactions et des questionnements que la nouvelle suscite au sein d’une famille surpeuplée et légèrement déjantée, Nadège Loiseau réalise une franche comédie mais, à côté de la fantaisie, une fine étude de personnages et un foisonnement de situations qui prennent en compte une réalité parfois grinçante.
La réalisatrice, dont « Le petit locataire » est le premier long métrage, a porté un soin tout particulier aux contours de ses personnages et si elle respecte le rythme de la comédie, ses codes établis et multiplie les situations cocasses, elle ne perd pas de vue, de loin en loin, la gravité de son sujet.
Et c’est ce qui contribue à la réussite de ce film qui était un défi, du moment qu’à côté du rire qu’il allait susciter, il fallait garder un regard sur la gravité de la situation ?
L’événement survient dans une famille modeste.
La mère, Nicole travaille au péage de l’autoroute, Jean-Pierre, le père qui est au chômage depuis deux ans, encadre bénévolement un groupe de jeunes gymnastes dans un établissement municipal et Arielle la fille, mère d’une fillette dont le père semble s’être volatilisé, est ouvrière dans une fabrique de saucissons.
Tout ce monde auquel il faut ajouter une grand-mère en fauteuil roulant, grabataire mais malicieuse, vit sous le même toit dans le brouhaha des conflits quotidiens et dans la tendresse bourrue et masquée que chacun porte à l’autre.
Il y a quatre générations de femmes dans « Le petit locataire » qui est aussi un film sur les rapports mère-fille et par ricochet une vraie réflexion sur la transmission, l’héritage trans-générationnel où chacune évolue en miroir, les unes par rapport aux autres.
Et si entre mère et fille, les rapports sont le plus souvent conflictuels, ceux qui existent entre grand-mère et petite-fille sont apaisés.
Nadège Loiseau a réuni pour son film, une distribution épatante depuis Karin Viard, drôle, sensible et émouvante jusqu’à Hélène Vincent toujours aussi épatante en passant par Philippe Rebbot auquel « Le petit locataire » rend justice en lui offrant pour la première fois un premier rôle où il est irrésistible dans un emploi lesté de lâcheté masculine ordinaire.
Les seconds rôles ne sont pas en reste et aucun d’eux ne déborde jamais les limites de sa partition entre fantaisie et émotion.
Avec deux films particulièrement réussis qui sortent à quelques jours d’intervalle, « Maman à tort » de Marc Fitoussi et maintenant ce « Petit locataire » , la comédie à la française entre dans une phase réjouissante, efficace, bien loin des grosses productions qu’elle nous impose souvent.
Il faut courir vers ce premier film qui est un vrai régal.
Francis Dubois
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