Anouk, 14 ans, fait son stage d’observation de la classe de 3ème dans les bureaux de la Compagnie d’assurances où sa mère est employée.
Cette semaine d’immersion dans le monde du travail va lui permettre de porter un regard sur le microcosme que sont les bureaux d’une agence, sur le monde adulte de l’entreprise et sur sa mère qu’elle croyait connaître comme une femme entière, à l’abri de petites lâchetés qu’elle lui découvre..
Ce court parcours initiatique à la fois drôle et touchant marquera pour Anouk les premiers signes de l’adieu à l’enfance…
Dans son film, Marc Fitoussi s’attache essentiellement aux deux personnages de Cyrielle, la jeune mère et d’Anouk, une étonnante adolescente encore empreinte de l’enfance mais en route pour entrer dans une phase de curiosité qui la mènera à dépasser les limites de l’enfance. Et il multiplie auprès d’elles des personnages ordinaires et savoureux.
Pour la seconde fois (après « Copacabana » ), Marc Fitoussi aborde le sujet des rapports mère-fille.
Il avait réalisé le documentaire, « L’ é ducation anglaise » sur le thème des séjours linguistiques d’adolescents français à Bristol, et au cours de ce tournage, il avait glané une foule d’indices sur cet âge. Depuis, il avait en tête un long métrage où il aborderait l’adolescence dans un contexte qui ne serait ni le collège, ni un camp de vacances.
Il a eu alors l’idée de traiter l’adolescence immergée dans le monde adulte.
« Maman a tort » s’empare d’Anouk à un moment charnière d’anticipation, notamment vis-à-vis de sa mère et brasse une large palette d’émotions à l’heure où elle se trouve confrontée à des choix importants.
En l’espace de cinq jours, ce stage de la classe de troisième, à priori balisé, devient un parcours initiatique où la jeune fille découvre les dessous du monde adulte à la fois violent et superficiel, l’amour et ses désillusions mais aussi la force de l’amitié fusionnelle à cet âge.
C’est sa relative solitude de fille unique de parents séparés et hostiles l’un à l’autre qui va lui permettre de percevoir, avec une grande maturité, le désarroi d’une mère de famille maghrébine déstabilisée face aux complications paperassières et qui a été victime d’une escroquerie à l’assurance.
Le film aborde un thème grave sans se priver du registre de la comédie, avec une légèreté, une fluidité narrative et une construction calquée sur le regard curieux et plein d’interrogations qu’Anouk porte sur son entourage.
« Maman a tort » est, sans doute à ce jour, le film le plus grave de Marc Fitoussi dans la mesure où il fait le constat d’un échec et se refuse au happy-end.
Il s’assombrit pour mieux aller jusqu’au bout de ses intentions alors que, progressivement la comédie et la légèreté s’estompent pour ne ressurgir qu’au final, avec mordant et cruauté.
Le film de Marc Fitoussi film est limpide, lumineux à l’image du regard bleu, de la détermination et la spontanéité d’Anouk.
Le jeu tout en nuances d’Emilie Dequenne complète le ravissement et la douce mélancolie qui nous ont saisis tout au long de la projection et qui nous poursuivent bien au-delà.
Ce serait misère que de se priver de ce film juste, réjouissant et parfaitement abouti…
Francis Dubois
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