En 2011, la révolution égyptienne met fin à trente années d’un régime autoritaire mais le nouveau président élu est un membre du parti islamiste.
En 2013, des millions d’égyptiens se révoltent contre le résultat du scrutin au cours d’immenses manifestations ;
Les jours suivants de sanglants affrontements ont lieu entre les frères musulmans et les partisans de l’armée, dans tout le pays.
« Clash » se situe sur une journée, au cours de cette période.
Au cours des violentes émeutes, une quinzaine de manifestants sans distinction d’appartenance politique sont embarqués dans des fourgons de police.
Pour se tirer d’affaire au mieux, ils auraient besoin d’être solidaires et d’aplanir leurs divergences d’idées mais sauront -ils surmonter leurs différences idéologiques et se concentrer sur la situation dangereuse dans laquelle ils sont embarqués ?
Après avoir réalisé un premier film « Les femmes du bus 678 « , Mohamed Diab voulait faire le suivant sur la révolution mais pendant les cinq années qui ont suivi, les choses ont évolué si vite qu’elles rendaient à chaque fois, chacun des projets obsolète.
Le choix de situer l’action de « Clash » dans un fourgon et d’y faire cohabiter une quinzaine d’individus qui, pour représenter plusieurs visages de l’Égypte n’en est pourtant pas un panel au sens sociologique, était une bonne idée.
Et même si la proportion entre les révolutionnaires et les frères musulmans est moins équilibrée dans la vraie vie que dans le film, les conflits au cours desquels les protagonistes continuent de s’affronter, en dépit des circonstances, représentent en réduction l’état d’opposition dans lequel se trouve le peuple égyptien.
Le film restitue, dans le vacarme des déplacements chaotiques du véhicule, dans le confusion et l’exiguïté du lieu, dans les incertitudes et la peur qui s’emparent des protagonistes, dans les conflits humains se mêlant aux conflits d’idées, l’état de chaos où se trouve le pays.
On pourra trouver le film de Mohamed Diab trop bruyant, trop violent, trop cruel mais le cinéaste n’a sans doute fait que restituer la réalité et la scène d’action au cours de laquelle les révolutionnaires caillassent la police (ou l’armée) depuis un pont ou du haut d’une bretelle d’autoroute est certes impressionnante, totalement infernale mais sans doute, très proche de la vérité des événements
« Clash » maintient, tout au long du récit, un équilibre entre le rendu de l’humain et du politique. Les scènes de violence nombreuses n’empêchent pas de capter sur les visages les émotions et derrière l’emportement et la colère, face aux situations extrêmes, toute une gamme de sentiments d’humanité.
Francis Dubois
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