Julien Alour le fait façon puzzle. Une comptine pour ouvrir l’esprit et retomber dans les bras de cet enfant qui n’est plus pour s’orienter résolument vers une danse curieuse à la métrique pour le moins étrange qui mêle les bruits de tous les pays, que ce soit du côté slave ou de celui d’une Arabie ; le tout rêvé au son d’un clair de lune qui sait nous emporter vers le cosmique, vers l’ailleurs. « Cosmic Dance », titre qui sonne comme une revendication. Une sonorité de trompette où se retrouvent tous les prédécesseurs façon collage cette fois sans que le musicien se perde dans des imitations. Miles comme Booker Little, Lee Morgan comme Kenny Dorham se retrouvent associés. Sans oublier l’univers de Yusef Lateef, saxophoniste, flûtiste qui a disparu – dans le Cosmos bien sûr, Thelonious Monk éternel moderne et d’autres rythmes plus contemporains d’une jeunesse qui continue de s’inventer dans un monde bloqué dans les vieilles lunes et les idéologies réactionnaires. La musique, elle, s’échappe, tourbillonne dans la mémoire fertile du jazz. Pour éviter les images appelons « ça » la musique « cosmique ». Une idée à creuser.
Julien Alour sait aussi s’entourer de musiciens qui partagent cette esthétique. François Théberge semble tout connaître de la mémoire du saxophone, Adrien Chicot a dû écouter les grands pianistes de la soul music, Sylvain Romano, bassiste, maître du tempo tout comme Jean-Pierre Arnaud, batteur.
Le tout est une musique vivante, dansante qui ne craint pas de faire référence aux atmosphères des Jazz Messengers ou du hard bop de ce milieu des années cinquante pour notre plus grand plaisir tout en se situant ailleurs.
Julien Alour signe un de ces albums qui devraient faire le bonheur des programmateurs… s’ils n’étaient atteints de surdité.
Nicolas Béniès.
« Cosmic Dance », Julien Alour Quintet, Gaya Records distribution Socadisc.
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