Arild Andersen, contrebassiste, fait partie intégrante du jazz de notre temps. Il serait vain, comme on le fait parfois – par exemple sur Wikipédia – de chercher à opposer un jazz européen à un jazz qui serait américain. Le jazz est une invention américaine. Il avait besoin comme ingrédients de toutes les cultures africaines, européennes et amérindiennes. Aucun autre sol que celui des États-Unis d’Amérique n’avait la faculté de les réunir. Dans le même temps que sa naissance, cette musique fut aussi issue de la révolte et de la lutte pour la dignité de ces esclaves à qui la société blanche refusait toute visibilité.
Cette révolte a été partagée. Le jazz européen de manière générale s’y est alimentée particulièrement à partie de la fin 1917 avec le débarquement des musiciens de Jim Europe Reese. Et le jazz de prendre son autonomie en s’alimentant de toutes les histoires nationales.
L’initiative de la revue « Jazz thing », pour son 100e numéro, de réaliser 5 Cds et 5 concerts pour rendre toute sa place aux musicien-nes de jazz européen-nes permet d’apercevoir que les frontières sont troubles entre les deux côtés de l’Atlantique.
Arild Andersen à lui seul en fait la démonstration. Il a joué avec tous les jazzmen américains de passage en Europe notamment à Oslo dans la capitale de cette Norvège qui s’est située à la fois dans et hors de l’Europe.
Ce concert, réalisé en mars 2016 d’où résulte ce Cd « The Rose Window », sorte de volonté d’ouverture vers tous les jazz, coïncide avec son 70e anniversaire. Pour le fêter dignement, il a fait appel – une manière de rester vivant – à deux jeunes musiciens qu’il faut absolument découvrir, Helge Lien, pianiste et Gard Nilssen à la batterie. La relève est ainsi assurée.
Les compositions du bassiste font la preuve de sa capacité d’invention. Il intègre à la fois le style ECM – dont il fut un des piliers – et la modernité sans oublier la leçon de Bill Evans. Superbe.
Comme pour les autres Cds de cette série, le concert se termine avec une interview d’Arild Andersen, en anglais évidemment.
Ne passer pas à côté. C’est une des musiques du temps, et du temps qui passe. Mélancolie et espoir font parfois bon ménage…
Nicolas Béniès.
« The Rose Window », Intuition Records, distribué par Socadisc.
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