Au chômage depuis un an, Constance qui travaillait à Paris dans une agence immobilière, se voit contrainte de réintégrer sa ville natale et la maison de famille que sa mère n’occupe plus depuis qu’elle gît sur un lit d’hôpital.
Elle fonde ses espoirs sur un poste qui se libère dans l’agence immobilière où elle a démarré autrefois sa carrière mais son ancien directeur lui préfère une candidate plus jeune.
Piquée au vif, Constance est prête à tout pour occuper cet emploi dont elle décide, et chaque jour un peu plus, qu’il lui revientt de droit.
Les raisons troubles pour lesquelles Constance a été démise de ses fonctions dans l’agence parisienne et la froideur dont le directeur de l’agence avec qui elle a travaillé autrefois fait preuve à son égard quand elle le contacte pour une embauche laissent supposer qu’elle n’a jamais été en honneur de sainteté dans le cadre de son travail.
L’acharnement obsessionnel avec lequel elle agit pour obtenir l’emploi dans l’agence dénonce chez elle un déséquilibre et des troubles de personnalité évidents. Tout comme, alors qu’on pourrait la croire frigide, son goût pour le sexe pervers auquel elle se prête avec un inconnu qu’elle a rencontré dans un train et cette façon qu’elle a de s’attacher à lui.
Constance a un profond besoin de reconnaissance mais elle fait preuve à l’égard des autres d’une profonde indifférence.
Tous les ingrédients sont réunis pour qu’ « Irréprochable » plonge dans les profondeurs de ce que l’âme humaine peut déceler de plus sombre. Un personnage central opaque avec lequel tout peut arriver, imprévisible, pathétique, vengeur.
Sébastien Marnier a fait du personnage de Constance un individu tout en contrastes et c’est sans doute, quand elle les a plus ou moins consciemment tissés que, prise au centre de la trame de ses contradictions, elle devient cet être inquiétant, insaisissable pour les autres et étranger pour elle-même.
La stratégie de Constance pour amener les « circonstances » à éloigner sa rivale ne relèvent pas du machiavélisme. Elle dénote au contraire une sorte de naïveté désespérée quand elle dérègle le réveille-matin de la jeune femme ou qu’elle ajoute du sucre dans le carburant de son scooter pour que des retards répétés amènent le directeur de l’agence à congédier sa jeune employée.
Ou quand elle l’encourage, au nom de l’amour, à aller vivre avec son ami à l’étranger…
L’idée d’un crime est peut-être présente à son esprit mais il n’est pas sûr qu’elle porte en elle une démesure, une démence qui la conduiraient à une telle extrémité.
Il n’y a aucune réelle ampleur à sa méchanceté.
Le personnage de Constance est soutenu par une subtile et efficace description de la ville de province, de ses limites, de cet étouffement qu’on finit pas ressentir à fréquenter les mêmes lieux, à retrouver les mêmes mouvements, le même jeu d’allées et venues, à emprunter les mêmes itinéraires.
Ces atmosphères deviennent complices du dérèglement maladif qui saisit Constance et c’est dans cette association que le film fonctionne le mieux.
Marina Foïs est sans doute très bien mais il est probable qu’une comédienne plus neutre aurait mieux convenu pour donner à cette quadragénaire une ambiguïté plus souterraine, plus inquiétante…
Avec Marina Foïs, on reste à la surface du personnage.
« Irréprochable » comporte de bons moments mais il n’atteint pas toujours l’atmosphère oppressante qu’il visait sans doute.
Francis Dubois
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