Jean-Paul Bolzec est comédien. Il était allé donner un spectacle pour une association française installée en Azerbaïdjan.

Au moment de quitter le pays, alors qu’il se rend à l’aéroport, le taxi qui le transporte tombe en panne et son chauffeur se volatilise le laissant seul au milieu de nulle part, dans une région désertique face à de rares personnes qu’il lui arrive de croiser qui le malmènent, semblent voir en lui un dangereux ennemi et dont il ne comprend ni ne parle la langue.

Au cours de ses déambulations, à la recherche d’un nouveau moyen de locomotion qui pourrait le conduire jusqu’à une zone urbaine, il franchit sans le savoir, la frontière de l’Arménie, un pays en guerre larvée avec son voisin, l’Azerbaïdjan, depuis des années.

En l’absence d’un visa de sortie d’un pays où il n’est officiellement pas entré, il se retrouve dans un village où, après avoir été pris pour un espion et avoir violemment rejeté sa présence, il est bientôt reconnu comme « celui qu’on attendait », le messie inespéré parce qu’il a été amené, par un jeu de circonstances, à financer la réparation du groupe électrogène déficient qui alimente le village en électricité.

Dès lors, il est adulé, fêté et un réel contact respectueux et amical s’établit entre lui et la population qui le croit capable d’intervenir dans l’amélioration de la vie collective et dans celle de chacun.

De plus en plus sollicité par des villageois qui croient en son pouvoir bienfaiteur, il devient bientôt une référence en sagesse et en conseils de tous ordres.

Cinéma : Celui qu'on attendait
Cinéma : Celui qu’on attendait

Avec une large galerie des portraits savoureux ou attendus et un ton qui flirte avec celui du conte, le film dresse un état des lieux de l’Arménie rurale contemporaine sans doute très voisin de la réalité.

Serge Avédikian dont le regard ne manque ni de gravité ni de malice tisse les fils d’une histoire d’amitié entre un personnage que sa candeur tirera de tous les mauvais pas et une communauté villageoise que des conditions archaïques contraignent à une réflexion et des comportements naïfs mais non dépourvus de bon sens.

La crédulité des habitants du village et le plaisir que Jean-Paul Bolzec prend à son imprévisible notoriété donnent lieu à des quiproquos parfois inspirés, des moments savoureux, des situations qui font de «  Celui qu’on attendait’ une comédie d’autant plus convaincante qu’elle ne déborde jamais les limites de la demi-teinte.

Patrick Chesnais interprète un Jean-Paul Bolzec lunaire et, avec un fond de malice celui qui devient populaire à son insu et qui, insensiblement, prend goût au pouvoir et à la célébrité.

Et le conte, s’il ne perd jamais de vue et même dans les moments les plus cocasses, la situation sociale et politique de l’Arménie, ne fait pas l’économie d’une touche de romanesque avec la rencontre dans les premiers temps bourrue, de Bolzec qui n’a jamais été insensible à son charme avec la séduisante interprète traductrice

«  Celui qu’on attendait  » est un film rafraîchissant qui ne se contente pas de donner raison aux bons sentiments.

Francis Dubois


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