Hannah, chanteuse de musique classique passionnée, dirige une chorale à Montréal avec son mari Daniel, pianiste.

Leur jeune fils est le violoniste de leur formation.

En plus des cours qu’ils donnent, ils vivent de concerts de musiques sacrées, trésors rares du patrimoine qui furent composées pour les synagogues de France à la fin du XIXème et au début du XXème siècle.

L’histoire est celle d’une française exilée à Montréal, mariée à un québécois et qui nourrit une passion entière pour ces musiques autrefois religieuses, aujourd’hui totalement laïques.

L’objectif du couple d’artistes est de créer des chants à partir de cent ans d’histoire de la musique française dégagée de l’empreinte communautaire mais en même temps fidèle à ce que les musiciens de l’époque recherchaient : une élégance, une émotion pure et une fierté.

Cinéma : Mobile Etoile
Cinéma : Mobile Etoile

«  Mobile Étoile  » est un film sur une passion artistique et sur le bonheur qui résulte de la recherche constante d’un aboutissement créatif au plus près la perfection.

Mais au lieu d’être dans l’inquiétude de cette perpétuelle recherche de partitions rares, parfois introuvables, les personnages sont paisibles comme si la difficulté à retrouver les pièces qui composeront le prochain concert faisait partie du jeu et du plaisir.

Hannah est une femme déterminée, volontaire et passionnée. Tous les éléments qui contribuent à son bonheur sont réunis dans son univers immédiat. Une passion pour le chant et pour la musique qui l’anime et qui, malgré les difficultés auxquelles se heurte la survie de la formation dont elle est la tête pensante, ne faiblit jamais. Elle a auprès d’elle un époux aimant, rassurant, dont la passion pour la musique est à égalité avec la sienne.

Hannah et Daniel ont fait des choix définitifs. Ils sont, avec bonheur, dans la recherche d’une forme de perfection artistique qui les tient éloignés d’un quotidien ordinaire et de tout ce qui pourrait venir contrarier une sérénité, une confiance qui sont le moteur essentiel de leur existence passionnée.

Abigail, jeune chanteuse au talent prometteur entrera un temps dans le cadre de leur conception de l’engagement artistique, mais la jeune fille sera aussi le grain de sable dans le rouage de l’harmonie du groupe. Hannah découvrira alors avec elle, que les êtres les plus passionnés par l’art musical ne le sont pas forcément à son image.

Raphaël Nadjari dont le projet était depuis longtemps de réaliser un film « de musique », compose ici un récit magnifique où cohabitent parfaitement le bonheur et la difficulté de créer, dans une sérénité qui tient à la détermination heureuse des personnages.

Le film met en scène une famille d’artistes au sens familial et amical du terme, unie par la même passion, avec une force et une pudeur qui permettent au récit d’échapper à toute forme d’angélisme.

Fluidité de la mise en scène, virtuosité de la continuité dramatique, interprétation magistrale et discrète, délicatesse dans la façon d’aborder le traitement d’un sujet qui pouvait être ingrat, font de ce film une réussite.

Si les qualités de la mise en scène sont indéniables, le film de Raphaël Nadjari repose beaucoup sur la composition des personnages (magnifique contraste entre une Etha volubile et un adolescent silencieux) et sur l’interprétation solide de Luc Picard et celle magnifique dans la discrétion et la retenue, de Géraldine Pailhas en qui on découvre ici, parce que le rôle lui en donne l’occasion, une superbe comédienne qui compose son personnage à la fois dans les postures, dans les regards et dans le force qu’elle donne à chaque moment de sa partition.

Elle est magnifique et si sa carrière de comédienne est jusque-là restée dans une certaine discrétion, sa composition dans «  Mobile Étoile  » devrait la propulser au rang des plus grandes du moment, Isabelle Huppert ou Sandrine Kiberlain.

A ne surtout pas manquer. Pour le plaisir de savourer une œuvre totalement aboutie bien sûr, mais aussi pour rendre justice à ce cinéma « d’entre les deux » ciselé, discret, inventif et efficace que, pour des raisons mystérieuses, le « grand public » laisse de côté.

Francis Dubois


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