Un quartet à la fois étrange et traditionnel. Orgue, Olivier Caudron, guitare, Pierre Durand, batterie, Guillaume Dommartin soit un trio qui fleure bon la fin des années 50, de ces groupes formés par Jimmy Smith pour faire avancer l’orgue Hammond B3 sur le devant de toutes les scènes, une formule qui sera reprise jusqu’à son usure totale. Étrange tout de même par l’adjonction du leader de ce quartet, Sébastien Texier, clarinettiste et saxophoniste alto venu avec ses rêves pour transformer ce trio classique en rêveurs d’un nouveau monde. « Dreamers », un titre qui nous va comme un gant. Nous aussi nous sommes embarqués sur le même bateau. Un « radeau de la Méduse » transformé en voilier par la force d’une imagination partagée.
Les compositions de Sébastien s’inspirent de toutes les cultures matinées d’une référence omniprésente aux groupes d’Ornette Coleman, caressée par une mémoire du jazz qui sert de ligne directrice. L’énergie pousse le groupe souvent en dehors de ses propres définitions pour aller voir ailleurs si le monde est plus fraternel.
Il arrive pourtant qu’un thème fasse trop penser à un des précédents et provoque une perte d’attention mais le suivant relance les dés… Le son de la clarinette retient toujours l’oreille. La rencontre avec cet instrument tient, pour le leader de son rêve d’amour le plus fou et le plus total. La clarinette et Sébastien font corps et pas seulement corps à corps. L’alto transbahute moins de mystères mais plus de mémoire, une alliance nécessaire.
Le tout est un des albums convaincants de ce mois.
Nicolas Béniès.
« Dreamers », Sébastien Texier Quartet, Cristal Records, distribué par Harmonia Mundi.
Le quartet sera en concert à Jazz Sous Les Pommiers, Coutances (50)
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