Tamara Lukasheva est né à Odessa il y a 27 ans. Elle publie son premier album : « Patchwork of Time », pièces et morceaux disparates de temps, un temps pour chaque moment de la vie, la vie avant Cologne où elle réside, un temps pour l’Opéra en Ukraine, un temps pour tracer l’avenir incertain. Elle ouvre l’album par un standard à l’inquiétante familiarité sans savoir si cette inquiétude est partagée. « Alone Together », seul ensemble, un oxymore qui va bien avec notre époque, au rythme étrange, aux mots prononcés avec un accent indéfinissable, mélange de cultures différentes que seul le scat pouvait réunir. Une voix reconnaissable, de plus en plus rare, qui ne se laisse pas réduire à ses influences. Elle réussit un collage, via ses compositions et arrangements, entre la musique de sa ville natale, les comptines de son enfance, ses enseignements musicaux – le passage par la musique dite classique – et l’environnement actuel fait de cette disparité, de ces éclatements véritables bornes de notre monde moderne.
S’il fallait trouver une ascendance, ce serait Helen Merrill qui a redécouvert, sur le tard, ses racines serbo-croates qui a dû servir de modèle à Tamara.
Elle utilise tous les registres et son « patchwork » est partagé par son trio Sébastien Scobel au piano, Jakob Kühnemann à la basse et Dominik Mahnig à la batterie et deux invités Shannon Barnett au trombone et Llora Rips au violon. Une découverte même s’il lui reste à assurer son propre style. Elle fait déjà preuve d’un beau dynamisme, d’une joie de chanter et d’une originalité certaine.
Nicolas Béniès.
« Patchwork of Time », Tamara Lukasheva, Double Moon records, distribué par Socadisc.
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