Sam et Stéphane se connaissent depuis toujours. Habitants de la montagne, ils ont créé ensemble une fabrique de skis haut de gamme.

Mais dans ce domaine comme partout, la grosse industrie prend progressivement le pas sur les petites entreprises artisanales.

Au moment où un des importants marchés qui faisait vivre celle de Sam et Stéphane leur échappe, la petite fabrique se met à tanguer. Les comptes bancaires se vident et, du jour au lendemain, les deux amis ne sont plus sûrs de pouvoir assurer la paie des ouvriers.

Pour sauver le « bateau du naufrage » Sam et Stéphane se lancent dans un pari fou : qualifier Sam qui bénéficie de la double nationalité franco-algérienne pour les Jeux Olympiques d’hiver dans la catégorie ski de fond et le faire concourir sous la bannière de l’Algérie peu représentée dans la discipline.

D’abord réticent, Sam autrefois très sportif se soumet à un entrainement intensif. Mais ce défi improbable aura des prolongements imprévus et notamment celui de l’amener à renouer avec ses racines.

cinéma : good luck Algeria
cinéma : good luck Algeria

Si l’argument initial de «  Good Luck Algeria  » relève au départ de la comédie sociale, le film s’ouvre sur d’autres pistes : la comédie tout court, les problématiques plus amples sur l’héritage familial et sur l’entrechoc de deux cultures contrastées.

De ce fait, les sujets abordés se multiplient. Le film de Farid Bentoumi devient à la fois un film sur l’entreprise, un film sur la famille et les racines, un film sur le sport.

Et cette abondance de thèmes tous traités avec soin et sincérité ne nuit nullement à l’ensemble.

Au contraire, chaque sujet rejaillit positivement sur l’autre, l’enrichit, lui donne poids et profondeur.

L’humour dont ne se dément jamais le récit sert surtout le personnage de Samir et l’empathie qu’il dégage, l’envie de le suivre au long du parcours où il s’est engagé.

A la partie française du film succède la partie algérienne particulièrement réaliste. Quand il s’agit d’aborder des sujets comme celui de l’héritage, les paysans algériens n’ont pas du tout la même appréhension que les français en matière de succession.

Ici, avec beaucoup de justesse et de sensibilité, Farid Bentoumi confronte Samir à sa double appartenance culturelle et le fait de se retrouver sur le sol algérien en présence de ses oncles est cousins révèle presqu’instinctivement ce qu’il portait inconsciemment en lui de la culture algérienne. Il réagit en occidental avant de se rendre compte que ses arguments de français sonnent faux et qu’il est, dans les circonstances, sur de fausses pistes.

« Good Luck Algéria  » qui adopte souvent les contours du conte n’en est pas moins un film grave sur la double nationalité et ses résonances insoupçonnées.

Sami Bouajila est parfait et la distribution du rôle de père à Bouchakor Chakor Djalti, un émigré des années cinquante au parcours chaotique apporte grandement à l’authenticité du film. Sa belle nature sert autant la partie française que la partie algérienne du film.

Et Hélène Vincent épouse jonglant avec la même sincérité avec la double culture est, comme toujours impeccable.

Farid Bentoumi a réalisé un très beau film dont on sort heureux.

Francis Dubois


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