Marco Vichi a construit sa figure de détective privé dans le contexte de la ville de Florence qu’il met en scène en même temps que son commissaire, Bordelli. Un célibataire de 53 ans qui attend la femme de sa vie. En 1963, les souvenirs de la guerre ne sont pas encore effacés. Ils structurent le présent. Une guerre qui a partagé l’Italie entre les partisans de Mussolini, les Résistants et tous les autres. L’auteur s’est servi des histoires que lui racontait son père pour les offrir à son commissaire. Le nom n’est sans doute pas choisi au hasard. Il faut dire que cet homme n’enferme pas les petits délinquants, ni les auteurs de petits délits. Il a une conscience sociale développée sans être, apparemment du moins, membre du PCI, parti communiste italien, bien qu’il puisse emprunter la via Gramsci.
Choisir 1963 est une bonne idée pour raconter Florence et l’Italie. L’espoir est encore présent de la possibilité de construire une autre société. En même temps, on sait que des cellules dormantes ont été constituées par la CIA et autres officines anticommunistes dans ce monde de la « guerre froide » qui partage le monde en deux. Politiquement.
L’enquête est secondaire même si l’auteur fait preuve d’une astuce intelligente pour la conclure. L’important, ce sont les personnages, le mois d’août, la chaleur, la camaraderie de la guerre et le présent.
Une réflexion sur l’Histoire via des histoires de flics, de petits délinquants, de bouffe aussi et des petits bonheurs que la vie peut apporter. Longue vie au commissaire – désormais principal – Bordelli !
Nicolas Béniès
« Le commissaire Bordelli », Marco Vichi, traduit Nathalie Bauer, 10/18
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu