Les débuts du 20e siècle pour le calendrier représentent plus justement les derniers feux d’un 19e siècle qui finira en 1914 avec l’ouverture de la Première Guerre mondiale. Ce sont des années de transition d’un monde qui cherche de nouveaux repères, de nouvelles balises. L’art, dans toutes ses dimensions exprimera un des possibles mondes à venir.
Le « Futurisme » naîtra en Italie, à Milan, dans cette Italie du Nord plus prospère, plus industrielle, plus « moderne » que celle du Sud, par l’intermédiaire de l’écrivain Marinetti qui en publiera le premier manifeste sous forme de tract. Les orientations sont claires. Inscrire le développement humain dans la confrontation avec la machine pour faire surgir une nouvelle définition de l’Art en prise avec la modernité. La respiration de l’Histoire semble s’accélérer pendant cette période. La vitesse donne une nouvelle dimension au temps. La barbarie est inscrite dans cette ère du machinisme. Les ouvrages de science-fiction en témoignent.
Les futuristes proposent de transformer tous les aspects de la vie et pas seulement de la culture. Nouvelle cuisine, nouvelle architecture tout autant que la musique, le cinéma et le reste. Rien de ce qui est humain de leur est étranger.
Il fallait rendre à ce courant sa place. Pour éviter de tomber dans les clichés. Marinetti sera fasciste au service de Mussolini. Il pensait que le « Duce » permettrait au futurisme de réaliser leurs rêves. Ils ont été déçus. En 1106 pages – auxquelles il faut rajouter les Index – Giovanni Lista dans « Qu’est-ce que le futurisme ? » suivi d’un « Dictionnaire des futuristes » dresse à la fois le portrait d’une génération, des recherches « futuristes » et de son onde de choc au-delà de la trajectoire de son initiateur. Beaucoup d’aspects de ce mouvement d’avant-garde sont méconnus ou inconnus notamment dans le domaine du cinéma. Il ne reste quasiment rien de leurs tentatives mais elles ont existé et inspiré les situationnistes. Pour dire que cette somme permet aussi de mettre à jour des influences souterraines ou avouées. C’est un peu le dessin du 20e siècle qui se dégage de ces pages.
Un livre qui comble un vide même si, ces derniers temps, la redécouverte de ce courant bat son plein et… retombe aussi dans l’oubli. Notre temps, plus que celui des futuristes, voit l’espace de sa mémoire se rétrécir face à un temps qui s’accélère. De quoi trouver un aliment, dans leurs théories, pour forger les outils de notre réflexion collective.
Nicolas Béniès.
« Qu’est-ce que le futurisme ? suivi de Dictionnaire des futuristes », Giovanni Lista, Folio Essai, Inédit.
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