Rémi Pardon, la trentaine, vit en colocation avec Philippe, son frère aîné. Son quotidien réglé à la minute près n’est pas palpitant.
Employé dans une petite entreprise portant le nom désuet de « Chat va bien », il est vaguement amoureux de la fille de son patron.
Mais une nuit, Rémi rencontre son double avec qui il va devoir cohabiter et dont la présence ne semble pas surprendre son entourage.
Qui est cet alter ego ? L’ami dont il a besoin? Un ennemi ? Ou l’apparition d’un nouveau Rémi ?
Qui, de la copie ou de l’original l’emportera sur l’autre ?
Pour ce projet, Pierre Léon a répondu à deux de ses souhaits : adapter (librement) le roman de Dostoeïvski, « Le double » et travailler avec le comédien Pascal Cervo qu’il considère comme l’un des plus importants de sa génération, qui appartient à une famille de réalisateurs marginaux de la production française et qu’on a vu chez Paul Vecchiali, Laurent Achard ou Robert Guédiguian…
« Deux Rémi, deux » ne déparera pas dans la filmographie exigeante de l’acteur.
Mais l’univers sombre du roman de Dostoeïski, son écriture hallucinée étant difficiles à traduire au cinéma, Pierre Léon et Renaud Legrand son scénariste, se sont tournés vers la comédie.
Le burlesque noir du roman est devenu fantaisie, mais l’arrière-plan du récit ne manque pas pour autant de la gravité que distillent la nature solitaire et la marginalité du personnage central.
La légèreté de « Deux Rémi, deux » vient surtout des personnages secondaires et des atmosphères décalées.
A l’intérieur et autour de la petite entreprise familiale, intervient une galerie de portraits qui renvoient au cinéma de l’après-guerre et qu’on a parfois retrouvés dans l’univers des films de Paul Vecchiali.
Personnages hauts en couleurs, imprévisibles avec un patron paternaliste mais profondément généreux et tolérant flanqué d’une épouse excentrique et superficielle, de collaborateurs aux réactions surprenantes et potaches, une jeune première hors des codes attendus.
Pierre Léon ne tire pas parti du dédoublement de son personnage, n’explore pas le sujet et, en contournant l’aspect conte mi-fantastique, mi-métaphysique, ouvre d’autres pistes, des questionnements qui conduisent à explorer et interpréter les sous-entendus de l’histoire.
« Deux Rémi, deux » est un film court. Il dure à peine plus d’une heure.
C’est une fantaisie plus qu’une comédie que les protagonistes traversent sans laisser de réelles traces de leur passage, indemnes de toute psychologie et, en dépit du phénomène de dédoublement, de tout mystère
Le film de Pierre Léon n’est rien d’autre qu’un moment de cinéma à l’état pur.
Francis Dubois
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