Sofia Olivari est une enseignante d’une quarantaine d’années. Elle est mariée avec Pedro mais leur couple n’a jamais pu avoir d’enfant. Aucune des tentatives d’adoption qu’ils ont lancées n’ayant abouti, ils récidivent sans grand espoir sachant que le nombre des demandes est de très loin supérieur au nombre d’enfants adoptables.
Alors qu’avec Pedro, ils viennent de constituer un nouveau dossier, Sofia apprend que le corps d’un bébé a été découvert dans une décharge.
Elle décide d’offrir une sépulture à l’enfant mais la procédure s’avère bien plus compliquée qu’elle le croyait.
La seule possibilité pour procéder à un enterrement serait une adoption post-mortem mais pour cela il faut prouver que l’enfant a été vivant, qu’il a respiré. Faute de quoi, en tant que fœtus, il n’a droit qu’à la fosse commune.
Or, le médecin légiste est dans l’incapacité de tester les poumons de l’enfant puisque, pendant qu’il a séjourné dans la décharge, les viscères ont été dévorées par des prédateurs.
Pour Sofia, offrir une sépulture au bébé, devient une absolue nécessité.
Le film de Rodrigo Sepilveda s’inspire d’une histoire vraie, celle de Bernarda Gallardo dont les médias se sont emparés pour donner à l’affaire un écho national.
Bernarda Gallardo, dans un combat qu’elle mena seule contre un système obtus, devint une sorte d’Antigone des temps modernes luttant pour donner à un mort une fin de vie décente.
Qui est la Sofia du film de Rodrigo Sepilveda ? Est-elle la réplique fidèle de Bernarda?
Agit-elle en militante déterminée du droit à la sépulture ou bien une personne qui dans son acharnement, n’a pas résolu une partie de ses problèmes psychologiques ?
Le point de vue du réalisateur étant celui d’un observateur, maintient une certaine distance avec le personnage.
Cette absence de prise de position, du moindre jugement, épaissit le mystère sur les agissements de Sofia quand ils deviennent obsessionnels et que, totalement disponibles aux démarches auprès du juge ou du médecin légiste, elle prend le risque de mettre son couple en danger et à cause de ses absences répétées, de perdre son poste d’enseignante.
Ce n’est pas non plus l’issue du récit qui éclairera sur les raisons pour lesquelles elle frisera un morbide qui risquera de prendre le pas sur une démarche maternelle.
Un film dérangeant par son sujet. Une œuvre forte magistralement mise en scène et interprétée avec force.
Francis Dubois
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