Laurel, la quarantaine, est inspecteur de police dans le New-Jersey. Professionnellement brillante et efficace, elle a toujours tenue secrète sa préférence amoureuse pour des partenaires féminines.
Sa vie bascule le jour où elle rencontre la jeune Stacie dont elle tombe à tel point amoureuse qu’elle commence à laisser transparaître son homosexualité, aidée en cela par la simplicité avec laquelle sa partenaire l’assume.
Laurel et Stacie décident de vivre ensemble et s’installent dans une grande villa. Mais au moment où le bonheur s’annonce, Laurel apprend qu’elle est atteinte d’un cancer foudroyant et qu’elle en phase terminale de la maladie.
Sachant qu’il lui reste peu de temps à vivre, Laurel a un souhait : elle veut qu’à son décès, sa pension revienne à sa compagne.
Mais la hiérarchie policière refuse catégoriquement de considérer administrativement Laurel et Stacie comme un couple à part entière. Le dossier est à chaque fois rejeté par les cinq freeholders de l’Océan Country, une commission représentant les élus du New-Jersey.
Le 26 juin 2015, la Cour suprême des États-Unis prenait une décision historique en légalisant le mariage pour tous, y compris pour les couples de même sexe.
La Président Obama aurait pu, dans son allocution, faire référence au parcours du Lieutenant de police du New-Jersey Laurel Hester et de sa compagne Stacie Andree, cette histoire personnelle d’amour et d’identité qui est devenue en 2005, un élément central dans la lutte pour une reconnaissance à égalité de tous les couples.
Loin du réalisme âpre généralement associé à l’adaptation au cinéma d’histoires vraies, le réalisateur Peter Solett a préféré adopter ce qu’il appelle le « style naturaliste romantique ».
Le film se compose de deux parties distinctes.
La première montre la rencontre des deux femmes, le coup de foudre immédiat qui survient en dépit de tout ce qui les différencie. L’âge, la taille, les coiffures, les postures et surtout les façons contrastées de vivre leur homosexualité.
Qu’est-ce qui peut faire que deux êtres aussi différents que Laurel et Stacie puissent connaître une irrépressible attirance ? Laurel et son constant et parfait brushing pourrait être tout ce que Stacie avec ses façons et son allure de garçon manqué déteste.
La seconde partie commence avec l’annonce de la maladie de Laurel, se poursuit avec sa transformation physique et le combat qu’elle va entamer pour s’assurer qu’après sa mort, Stacie pourra avoir une vie matérielle confortable.
Ici, la force de l’amour que Stacie éprouve pour Laurel se confirme par sa présence constante auprès de la malade, son total dévouement et par son net désintéressement.
Le scénario de « Free love » est parfois attendu dans les articulations d’un récit qui ne cache pas qu’il est dans une démonstration.
Il y a ceux qui résistent à considérer le couple comme légitime et qui, petit à petit nuancent leur regard avant de se rallier à la cause de Laurel; les premières hésitations qu’on perçoit parmi les membres de la commission dans un premier temps franchement hostiles et qui annoncent un prochain revirement, le soutien de Dane Wells, le collègue de Laurel dont on pouvait imaginer qu’il en était en secret amoureux et que la révélation tardive de son homosexualité avait déçu et blessé.
L’illustration du sujet est efficace. Le travail scénaristique quoique souvent « surligné » échappe de justesse au mélodrame .La force du traitement doit beaucoup aux interprètes qui prennent leurs personnages à bras-le-corps et savent rester dans les limites d’une sobriété de jeu, même si la dégradation physique de la malade soit appuyée et si les interventions orales en faveur de la quête de Laurel parfois aux frontières du larmoyant.
Francis Dubois
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