A travers une reconstitution soignée du quotidien des petits cirques de province, puis du Paris de la belle époque, « Chocolat » raconte la vertigineuse ascension du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française.
Alors qu’il végétait avec un numéro qu’il partageait avec un singe sous le chapiteau d’une petite troupe, Chocolat rencontre Footlit, un artiste acrobate contorsionniste à la recherche d’un partenaire pour un duo dont il est certain qu’il permettra son passage de l’anonymat à la gloire.
Le talent inventif de Footlit, les dispositions de Chocolat pour la représentation burlesque vont très vite les révéler au public et très vite (le parisianisme aidant) les amener à un immense succès populaire.
Propulsé artiste de premier ordre par l’enthousiasme du public parisien, Chocolat va bientôt éclipser son partenaire et se laisser porter par le tumulte de la célébrité.
L’argent facile, son goût pour les femmes, les belles voitures et le jeu où il perdra beaucoup d’argent, finiront par ternir l’amitié des deux partenaires aux personnalités dorénavant contrastées.
Le succès de Chocolat ne sera pas sans engendrer des jalousies et quelqu’un se souviendra que l’artiste noir est un sans-papiers qui vit en France dans l’illégalité…
Le film de Roshdy Zem est irréprochable tant par la construction du récit que par la reconstitution de l’époque. La photographie est superbe, comme les costumes, les décors. Et sa mise en scène est d’une belle ampleur. Il a de plus trouvé avec Omar Sy et James Thierrée un duo d’ interprètes parfaits, talentueux et complémentaires.
Il s’est entouré pour les rôles secondaires de comédiens dont on n’ignore par l’efficacité, de Clothilde Hesme à Olivier Gourmet en passant par Noémie Lvovsky, Denis Podalydès ou Alex Descas pour ne citer qu’eux.
On ne boudera pas son plaisir devant ce qui est une belle histoire romanesque et un superbe livre d’images.
Roshdy Zem est resté dans une ligne narrative classique avec des articulations scénaristiques qui ne cherchent pas midi à quatorze heures et ne sont là que pour faire avancer une intrigue où l’émotion n’est jamais forcée.
Derrière la légèreté du personnage de Chocolat se dessinent très vite, mais sans insistance, les sujets porteurs du film : la fièvre du succès, le phénomène de mode, le paternalisme, la trahison, la délation et le problème des sans-papiers dont on découvre qu’il était d’actualité au moment de la Belle époque.
Il ne manque rien au film de Rohsdy Zem pour qu’il devienne un beau succès public mérité.
Francis Dubois
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