A l’écoute d’un vieil homme érudit et conteur à ses heures, des enfants d’aujourd’hui se retrouvent transposés au Moyen-âge.

Les garçons deviennent des rois, des chevaliers, des moines et les filles, des conquérantes, des savantes, des héroïnes de l’Histoire de France.

Dans un Moyen-âge méconnu, elles ne cessent de s’émanciper et de s’imposer.

Cinéma : les filles au Moyen-Age
Cinéma : les filles au Moyen-Age

C’est en lisant dans un journal un article critique à propos de la politique de François Hollande où il était dit, entre autre, comme une boutade, que  » même au Moyen-âge, on était plus social que lui ! » qu’est venue à Hubert Viel, l’idée de réaliser un film sur ces pages de l’Histoire, et sur les aspects authentiquement sociaux de l’époque.

La lecture de « La femme au temps des cathédrales » de Régine Pernoud, les anecdotes qui y figurent, ont accompagné les premières lignes du scénario dont l’écriture consistait à s’accaparer des faits historiques pour les rendre à la fois romanesques et burlesques.

La bonne idée d’Hubert Viel est d’avoir choisi des enfants pour endosser les personnages.

Cette option risquée fait toute la force et l’originalité de son film ; les enfants étant à la fois les interprètes convaincants et des gamins en costumes qui jouent comme ils joueraient à être un cow-boy ou un indien, Jésus, Jeanne d’arc, Clovis ou Charles VII…

Ils sont tour à tour, à égalité, dans l’incarnation ludique et dans le jeu dramatique avec la même légèreté, la même fraîcheur et la même spontanéité.

Les partitions qui reviennent aux jeunes comédiens sont pertinentes et drôles, constellées d’anachronismes toujours bienvenus car jamais appuyés et cela, même si, parlant d’un chevalier, une jeune fille peut lancer, dans un phrasé très actuel : «  ce mec, il est trop fun ! »

Les situations reposent sur un socle historique assez solide et authentique et qui retranscrit bien l’esprit médiéval de l’honneur et de la courtoisie pour qu’un tel dérapage verbal puisse non seulement ne pas choquer, mais amuser.

Elles s’appuient sur les légendes arthuriennes auxquelles le jeu apporte un éclairage nouveau sur le Moyen-âge qui n’était ni sombre ni austère et où l’on savait mêler la piété et la joie.

L’authenticité historique du texte et des dialogues, associée à la spontanéité des jeunes interprètes, à la fraîcheur de leur jeu, permet de donner libre cours à de la fantaisie, des impertinences, des dérapages audacieux et cocasses.

Michaël Lonsdale, seul comédien professionnel du film, est l’immense acteur qu’on sait.

La solidité de son interprétation mâtinée d’une sorte de candeur rejoint la fraîcheur de celles des enfants.

Les costumes semblent frais-sortis d’une malle de grenier et c’est cette modestie vérifiable tout au long du film qui en fait la saveur et en renforce l’authenticité.

«  Les filles au Moyen-âge  » est une franche réussite, un film audacieux, drôle et rafraîchissant.

Francis Dubois


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