Pendant dix ans Irène et Christophe n’ont jamais su ce qu’il était advenu de leur petit garçon de huit ans, disparu un après-midi après l’école.
Face à l’épreuve, le couple s’est défait et chacun a survécu de son côté et à sa façon.
Christophe est parti au Mexique où il vit de petits boulots et Irène a repris sa carrière au sein d’une chorale.
Dix ans plus tard l’un et l’autre sont avertis de la découverte des ossements de l’enfant à la suite des aveux d’un pédophile.
Sur la demande d’Irène qui ne veut pas être seule à affronter les épreuves à venir, Christophe fait le voyage jusqu’à Montréal.

culture/cinéma
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Le film de François Delisle trace le récit de leurs retrouvailles face aux circonstances particulières après dix ans de séparation au cours desquelles chacun a vécu les séquences du drame à sa façon et dans une apparente indifférence l’un de l’autre.

L’ouverture du film se fait avec une séquence qui lance, face caméra, le pédophile dans les aveux tardifs et pour lui libérateurs qui ont permis de retrouver les restes des ossements de l’enfant.
Suit, dans une construction parallèle, un état des lieux et la présentation des deux protagonistes, elle, entre ses activités de chanteuse choriste, proche d’une mère vieillissante, marginale et semble-t-il, immature.
Lui, dans son habitation mexicaine, dans l’exercice de ses petits boulots lucratifs, partageant (ou pas) sa vie avec une autochtone, coutumier d’effondrements et vivant avec le souvenir fantôme de l’enfant.
Que reste-t-il, lorsqu’ils se retrouvent, des années de vie commune qu’on suppose vaguement harmonieuses ou vouées à la lassitude et qui ont de toutes les façons laissé assez de traces négatives pour qu’il leur ait été impossible de vivre ensemble l’épreuve de la disparition de leur enfant.
Sont-ils devenus des étrangers l’un pour l’autre ? N’ont-ils pas vécu, quoiqu’à distance des désarrois identiques.
Ils se reconnaissent, s’approchent, se testent peut-être avec un fond de méfiance et au fond d’eux-mêmes, l’inquiétude de se manquer une fois de plus.

Le déroulement des premiers trois quarts du récit est très « mécanique » et la sécheresse des sentiments entre les deux parents, laisse de côté toute émotion même si derrière l’indifférence s’insinue une tendresse que les circonstances ravivent.

Mais c’est avec l’apparition du meilleur copain de l’enfant au moment du drame que le film de François Delisle se révèle et qu’à la lumière des dernières scènes, tout le récit apparaît sous un éclairage nouveau.
Tout à coup, l’émotion trouve sa place et, ce qui pouvait manquer au récit, survient à la manière d’un rebondissement salutaire. Même si ce qui était prévisible se produit, la ligne narrative évite toute facilité, tout pathos.

« Chorus » est un film sur le deuil, sur la reconstruction de deux êtres meurtris et qui retrouvent en eux-mêmes et chez l’autre que chacun avait rayé de sa vie, la force nécessaire. La pudeur avec laquelle François Delisle traite le sujet ne fait pas, quand c’est nécessaire, l’économie des retombées cruelles de l’épreuve.
On retrouve avec plaisir, dans le rôle de la mère d’Irène, la comédienne Geneviève Bujold dont on se souvient qu’elle fut révélée au public français à la fin des années soixante, notamment chez Alain Resnais (« La guerre est finie« ) chez Louis Malle (« Le Voleur« ) ou chez Philippe de Broca (« Le roi de cœur« ).
Tous les interprètes sont parfaits et leurs partitions sont en parfaite harmonie avec la pudeur avec laquelle le sujet est abordé.

Francis Dubois


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