Au milieu des années 1920, Eimar Wegener, un peintre paysagiste reconnu, forme avec sa jeune femme Gerda, portraitiste mondaine, une couple d’artiste uni.
Un jour Gerda, pressée de terminer un portrait et faute de modèle, demande à son mari de revêtir la robe de sa cliente et de poser à sa place.
L’expérience, qui aurait pu demeurer anodine, devient troublante quand Eimar prend subitement conscience qu’il se sent davantage lui-même habillé en femme qu’en homme. Dès lors, il va s’approprier petit à petit une nouvelle identité féminine.
Gerda qui n’en prend pas ombrage va continuer à peindre avec comme modèle, son mari travesti et trouver, avec ses nouvelles peinture, une notoriété qui, jusque-là, faisait défaut.
Mais le couple est bientôt confronté à la désapprobation de la bonne société de Copenhague.
Elmar et Gerda quittent alors le Danemark pour Paris où une nouvelle vie moins étriquée s’ouvre à eux. Le couple évolue et se transforme sans que l’amour qui les lie l’un à l’autre ne faiblisse. Rebaptisée Lili, Eimar, accompagné par Gerda dont les sentiments à l’égard de son mari ne se démentent pas, va subir une opération de réattribution sexuelle afin de vivre totalement sa féminité.
« Danish Girl » est une histoire sur la recherche de l’authenticité identitaire en même temps qu’une belle histoire d’amour. Le film, comme « Le discours d’un roi » réalisé en 2010, traite de ces blocages qui empêchent d’être le meilleur de soi-même et de la façon de faire, pour parvenir à surpasser des obstacles, à l’épanouissement personnel.
A l’origine du film de Tom Hooper, il y a le premier roman éponyme de David Ebershoff publié en 2000 qui retrace le vie d’un transgenre marié à une femme. Lili Elbe fut une des premières personnes au monde à avoir volontairement subi une opération chirurgicale d’affirmation sexuelle.
C’est aussi l’histoire de la force d’un amour tel qu’elle permet de faire fi des normes conjugales et de vivre à deux, la période difficile de la transformation d’Eimar en Lili.. C’est l’évocation d’une union conjugale qui subit une profonde métamorphose.
Le film est une magnifique illustration de son sujet. L’image touche à la perfection et les comédiens incarnent avec sensibilité, mais sans jamais basculer dans un excès mélodramatique, des personnages que le sujet abordé place sans cesse aux limites d’une dramatisation excessive.
C’est peut-être en référence aux spécialités artistiques de chacun, parce que Gerda est portraitiste et Eimar paysagiste, qu’un superbe travail sur la photographie accompagne le récit.
Les villes et les paysages sont superbement filmés, quelquefois sous des angles de prises de vue qui déforment légèrement les cadrages et leur apportent une dimension imperceptiblement fantasmagorique.
Les visages sont toujours filmés au plus près, un parti-pris et un soin qui permettent, notamment en ce qui concerne le personnage d’Elmar-Lili, de suivre son évolution, à travers une gradation des maquillages, des coiffures, des postures, vers une féminité de plus en plus affirmée.
Les décors et les costumes, par la délicatesse extrême dont ils font l’objet, ajoutent à la perfection de la réalisation d’autant plus que le soin et l’attachement au moindre détail, ne débouchent jamais sur les débordements esthétiques qu’on pouvait craindre.
Epoustouflant de beauté.
Francis Dubois
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