Beijing (littéralement Capitale du Nord) compte 23 millions d »habitants. La ville connaît une croissance urbaine galopante et démesurée.
Pékin fait désormais partie des plus importantes métropoles hyper-modernes.
Ses quartiers, sans cesse détruits puis reconstruits, évoluent pour accueillir la nouvelle classe moyenne.
Mais ce n’est pas dans le cercle de cette modernisation que nous emmène le film de Pengfei; C’est dans les sous-sols, dans ces logements de repli où vivent dans des conditions insalubres, les laissés pour compte de la société, ceux qui sont en attente d’une amélioration de leurs revenus, ceux qui attendent, avec plus ou moins de conviction, de pouvoir rejoindre la société des nantis.
Ainsi, Yong, ce grand jeune homme un peu solitaire qui récupère des meubles usagés dans des habitations abandonnées.
Xiao Yun qui se produit dans un établissement où les consommateurs suivent mollement ses chorégraphies lascives mais peu élaborées.
Jin qui sait que le quartier où est située la maison dont il est propriétaire et qu’il occupe avec son épouse est voué à la démolition, mais qui cherche néanmoins un acquéreur à un prix décent.
Le cinéma de Pengfei fait le constat de la situation et approche ceux qui vivent dans la ville souterraine.
Les habitants ont-ils l’espoir de quitter un jour des espaces réduits et humides où l’on évolue tête baissée à cause de la faible hauteur des plafonds.
Si Yong reste habillé sous la douche, c’est par mesure d’économie. De cette façon, en même temps qu’il fait sa toilette, il lave ses vêtements.
Si son apparence physique peut laisser supposer qu’il a définitivement choisi de vivre dans les sous-sols, ce n’est pas le cas de Xiao Yun, plus combative, qui multiplie les entretiens d’embauche.
Qu’en sera-t-il du couple de Jin ? Peut-on, comme il semble l’espérer, trouver acquéreur pour une
habitation située dans un quartier voué à la démolition ?
Seront-ils, eux aussi un jour ou l’autre, réduits à vivre dans les souterrains.
Si le cinéma de Pengfei est très économe d’effets, si la part narrative peut être qualifiée de minimaliste, il n’en décrit pas moins avec beaucoup d’efficacité les conditions de vie presque dramatiques de ses personnages, sortes de sans-espoir plus ou moins fatalistes, l’aspect pathétique de situations extrêmes dont on finit par s’accommoder.
La scène d’inondation qui fait prisonniers des eaux les habitants du souterrain et qui dénonce l’absence totale de solidarité entre les habitants est le seul moment saillant du récit.
Mais la plus poignante des séquences est ce long plan qui montre la vivacité, la coloration de la vie en surface qui renvoie à la grisaille des sous-sols; une foule fourmillante où l’on finit par distinguer, immobile au milieu des allées et venues, la silhouette de Yong figé dans sa résignation.
Le film de Pengfei démontre à quel point le cinéma peut en dire long sans avoir recours à des scènes démonstratives et à des effets…
Francis Dubois
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu