Karamakate est un chaman amazonien puissant, le dernier survivant représentant de son peuple.
Il vit isolé dans les profondeurs de la jungle.
Des années d’isolement ont fini par faire de lui un « Chullachaqui », un être dépourvu de souvenirs et d’émotions.
Sa vie va se trouver bouleversée le jour où se présente à lui Evans, un ethnobotaniste américain à la recherche de la Yacruna, une plante sacrée dont une des vertus est d’apprendre aux hommes à rêver.
D’abord réticent puis sensible à la nature des recherches qu’à entreprises Evans, Karamakate accepte de l’accompagner et de faire avec lui, en pirogue, un voyage jusqu’au cœur de la forêt amazonienne.
Au cours de ce long périple, passé, présent et futur vont, en se confondant, permettre à Karamakaate de retrouver ses souvenirs perdus.
Le récit est inspiré des journaux d’expédition des premiers explorateurs de la forêt amazonienne, l’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg et le biologiste américain Richard Evans Schultes et passe par une narration entre deux temporalités différentes.
L’idée du film est née de la curiosité que le réalisateur nourrissait pour l’Amazonie colombienne, ce territoire dont la moitié était une terre inconnue, souvent réduit à une réalité partielle, la cocaïne, la drogue, les indiens, les rivières, la guerre.
Généralement, la règle veut que ce soit les explorateurs qui racontent leur expérience.
La particularité du film de Ciro Guerra est d’être réalisé selon le point de vue des indiens qui, une fois n’est pas coutume, ne sont pas dépeints comme des sauvages sans intérêt.
La bonne idée est d’avoir tourné ce film d’une grande ampleur, dont le décor est la jungle amazonienne luxuriante, en noir et blanc. La couleur, paradoxalement, en insistant sur la beauté des lieux, la densité de la végétation, aurait d’évidence banalisé ce foisonnement.
Le noir et blanc donne une autre profondeur aux paysages de la jungle et une brillance singulière aux images aquatiques.
« L’étreinte du serpent » est le premier film de fiction tourné en Amazonie depuis plus de trente ans. C’est aussi le premier film de fiction colombien ayant pour personnage principal un indien ; le premier film raconté du point de vue des sociétés ancestrales et dont le récit s’étale sur plusieurs régions du pays mettant en valeur la variété de faune, de flore et de biodiversité et rendant hommage aux centaines de langues, rites, coutumes et croyances de ces indiens dont un grand nombre a disparu sous l’assaut des colons…
« L’étreinte du serpent » fait du spectateur, un explorateur.
C’est dans le paysage cinématographique actuel, une parenthèse singulière et dépaysante, un beau voyage à travers la jungle amazonienne.
Francis Dubois
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