Théâtre : Chute d'une nation

S’immerger dans la vie politique, dans les jeux d’alliance, les calculs pour conduire un parti ou un homme au pouvoir, c’est ce que propose en quatre épisodes, à la façon des meilleures séries télévisées, Chute d’une nation. La pièce, créée la saison passée à La Manufacture des Abbesses à Paris, a connu très vite un grand succès au point d’être reprise cet automne au Théâtre du Soleil et désormais au Théâtre Michel. Quatre épisodes, cela permet de s’installer dans la durée, mais on peut les voir séparément et selon les codes du genre, chaque épisode commence par un rapide rappel de ce qui a précédé.
On suit donc le parcours d’un député, Vampel, poussé par son Parti à se présenter aux Primaires de l’Union de la Gauche, pour préserver les chances ultérieures d’un candidat, apparemment plus médiatique, mais qui n’a aucune chance d’être élu aux prochaines élections. Vampel, d’abord peu enthousiaste et peu à l’aise avec les media, se met au travail avec son équipe, un peu Pieds Nickelés au début. Tous se mettent à y croire.

Théâtre : Chute d'une nation
Théâtre : Chute d’une nation

On découvre les réussites et les échecs, les enthousiasmes et les renoncements de ces hommes et de ces femmes qui se passionnent pour les enjeux de cette course à l’élection qui s’avère pleine d’imprévus, car les rebondissements sont nombreux. L’attention ne se relâche jamais grâce à la complexité des personnages, à l’image de cet obscur député de gauche, catholique fervent, capable d’une détermination sans faille au service de ce en quoi il croit, en particulier le respect de la probité en politique. Les calculs politiciens, les liens troubles avec le monde de la presse, l’équilibre à trouver entre respect d’un programme et concessions inévitables, les conséquences imprévisibles de certaines décisions, le risque de voir le pays basculer dans le fascisme, tout cela devient passionnant dans la pièce de Yann Reuzeau, qui a reçu pour ce texte le prix du meilleur auteur décerné par le jury et le public du Prix Beaumarchais-Figaro. Sa mise en scène est impeccable. Des jeux de lumière dessinent des espaces sur la scène cadrant le bureau de Vampel ou celui de son directeur de campagne ou un studio de télévision. Il a su s’entourer d’une équipe homogène d’acteurs tous parfaitement crédibles. On remarque particulièrement Walter Hotton, qui campe un Vampel capable de lever ses doutes pour entrer dans l’action de façon déterminée, Didier Merigou, le conseiller de l’ombre qui fait irrésistiblement penser au spin-doctor de Borgen, la série politique à succès danoise, Sophie Vonlanthen, l’ambitieuse assistante parlementaire et Leïla Moguez, la directrice de la communication dépressive. On les voit dans leurs fonctions avec leurs forces et leurs faiblesses, avec aussi leurs failles personnelles.
Á les écouter, on se rend compte de la fragilité de nos démocraties et de la nécessité où nous sommes de la défendre. Même ceux qui disent ne pas s’intéresser aux luttes politiciennes se laissent prendre et discutent passionnément à la sortie car Chute d’une nation est une pièce audacieuse et jouissive sur l’ambition politique avec ce que cela suppose d’alliances, de coups bas, de mensonges mais aussi d’engagement. Courez-y !

Micheline Rousselet

Mardi 24 novembre et 8 décembre : épisode 1 à 19h et 2 à 21h
Mardi 1, 15 et 22 décembre : épisode 3 à 19h et 4 à 21h
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins, 75 008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 65 35 02

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