Un long monologue.

Un homme raconte une vie qui a commencé par une imprécision sur l’heure de sa naissance le 26 septembre 1944 à l’hôpital de Wolfsberg dans la vallée de la Lavant en Carinthie. Selon sa mère il serait né à six heures du matin mais le registre de l’hôpital indique dix heures. Or, son père prétend que sa venue au monde a eu lieu dans l’après-midi.

De tous ces témoignages qui diffèrent, l’homme en déduit que le début de sa vie ne se laisse pas vérifier.

Cette confusion à propos de l’heure de sa naissance n’aurait aucune importance si le cours de la vie de cet homme, somme toute ordinaire, ne s’était déroulée dans une sorte de chaos permanent depuis sa petite enfance mal aimée et jusqu’aux derniers moments de son existence, sur les soixante-dix ans qui traversent notre époque contemporaine de 1944 à 2014.

Théâtre : c'est la vie
Théâtre : c’est la vie

Jean-Quentin Chatelain, interprète le texte de Peter Turrini debout face au public qu’il prend parfois à témoin du regard comme dans une intention de confidentialité, comme s’il était en quête d’une complicité, fût-elle anonyme, pour aller plus loin dans le tracé de sa vie qu’il lui coûte peut-être de révéler tant elle fut chaotique, hasardeuse et déstructurée.

Sur le plateau, il est accompagné par deux musiciens chanteurs qui soulignent, portent ou submergent le texte. La musique et les chants sont-ils là pour aider la confidence à se poursuivre ou pour mettre un barrage à des révélations soudain trop intimes ?

Le spectacle qui passe de la confidence murmurée à des déclamations emportées, comme dans un délire, prend parfois la dimension d’un opéra, d’une sorte de revue théâtrale où voisinent dans ce qui pourrait apparaître comme un bric-à-brac verbal, pensées, anecdotes, poèmes réalistes, textes chantés.

L’homme parle de son enfance, de sa famille, des rejets, des désirs, de sa difficulté à engager une vie amoureuse, de ses choix professionnels ambitieux, disparates, ses échecs répétés, de ses doutes comme de sa foi en lui-même, d’amitié, de poésie.

Il en résulte une douleur d’être, une souffrance et çà et là des fulgurances d’espérance.

«  C’est la vie » est un spectacle de témoignage, de confession et de désarroi.

Et le spectacle, pour souligner le propos ou brouiller les pistes, se présente sous la forme d’un cabaret expressionniste écrit comme un oratorio soutenu par une démesure poétique.

Claude Brozzoni s’est mis, pour incarner ce texte hors-norme, à la recherche d’un acteur qui soit à la fois dans la démesure et dans le murmure de la confidence.

Pour donner au monologue la dimension « falstaffienne » qu’il souhaitait, son choix s’est porté sur l’immense comédien qu’est Jean-Quentin Chatelain et il a eu raison.

Car qui d’autre que lui, pouvait donner au personnage et au texte autant de force, de démesure et dans le même instant, rendre avec une grande sensibilité la blessure et le doute.

Il marque son personnage de ce regard qui n’appartient qu’à lui, qui reste en suspens le temps d’une brève interrogation.

Et c’est magnifique, pathétique, le reflet de tous nos doutes….

Francis Dubois

En tournée :

Le 19 janvier 2016 à La Maison des Arts / Thonon-Evian

Le 29 janvier 2016 au Théâtre du Briançonnais / Briançon

Du 2 au 13 février 2016 Théâtre Saint-Gervais / Genève

Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin Roosevelt 75 008 Paris.

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr


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