Joe R. Lansdale est l’écrivain de polar le plus connu… au Texas mais aussi en France via les traductions – ici Bernard Blanc – publiées chez Denoël et avant dans la Série noire, reprises par Folio/Policier. Les enquêtes de Hap Collins, le Blanc hétéro qui se pose des questions et Leonard Pine – surtout à prononcer avec l’accent du Texas en train de se perdre -, un Noir homosexuel attaché à la violence pure dénuée de sentiments, sont à la fois une caricature des polars et une manière de faire réfléchir sur notre monde. Ces deux personnages ont fait le tour du monde.
Dans ce « Diable rouge », le rouge fait référence au sang et le diable à l’apparence de la vieillesse, les deux compères se heurtent à une organisation de tueurs et de tueuses. Une femme, Vanilla déjà apparue dans le précédent « Vanilla Ride », leur vole la vedette pour régler une affaire obscure. Les ressorts psychologiques ne sont pas très fouillés mais les situations sont toutes à la fois loufoques et logiques à partir du moment où le lecteur ne discute pas les postulats de départ. Il n’empêche, Hap et Leonard vieillissent et la tentation fut grande, sans doute, pour l’auteur de faire mourir l’un des deux. Les personnages savent, quand il le faut, résister à leur auteur.
Un auteur qui donne l’impression qu’il fallait une suite au précédent sans qu’il ait construit une trame cohérente. Il fait passer ce manque en créant des mots. Le traducteur, pour en redonner le suc, s’est inspiré de la « bravitude » de Ségolène. Dans les premières pages, vous allez pouvoir enrichir votre vocabulaire…
Parions que dans le prochain, Vanilla prendra de plus en plus de place. Le duo pourrait devenir trio ou, pourquoi pas, quatuor.
Nicolas Béniès
« Diable rouge », Joe R. Lansdale, traduit par Bernard Blanc, Folio/Policier.
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu